CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
18.5/20
LINE UP
-Pascal
(basse+chant)
-Bruno
(guitare)
-Fab
(guitare)
-Kick
(batterie)
TRACKLIST
1)I Try to Follow I
2)Feeling Concrete
3)Lapse
4)On High in Blue Tomorrow
5)Preset
6)I Try to Follow II
7)As Others
8)Imposing Noise
9)The Identical
DISCOGRAPHIE
Dans la série «les joyeuses aventures du chroniqueur», il est une figure de style extrêmement plaisante : recevoir un album, craquer dessus voire être carrément impressionné, puis découvrir en consultant le livret que le groupe est français. Amoeba d’Hacride m’avait déjà fait le coup, et aujourd’hui c’est ce Lapse assez fantabuleux qui gagne une valeur ajoutée a posteriori vu qu’il s’agit d’une formation originaire d’Annecy. Évoluant avec grâce entre hardcore ambient, postcore et emo, Human Side signe avec cet album un sacré tour de force. Analyse…
Les étiquettes présentes dans l’intro vous laissent peut-être perplexe, donc voici un petit résumé : pensez guitares très peu saturées avec un son bien plus orienté rock graisseux voire stoner que métal, riffs hypnotiques qu’on fait tourner pour atteindre un état de transe, chant écorché propre au genre justifiant l’appellation en « core », énorme importance accordée aux ambiances hypnotiques comme aux digressions bruitistes et vous commencerez à vous faire une petite idée de la chose. Le son de ce Lapse est massif et réjouissant, surchargé en basses et il permet de profiter pleinement du voyage proposé par l’album. Car ce disque est de ceux qu’on s’enfile d’une traite et dans lesquels on se perd avec délice. Le morceau-titre est emblématique de l’approche : mélodies de guitares totalement addictives qui s’entrelacent jusqu’à plus soif, le tout montant lentement jusqu’à ce que les riffs viennent s’installer et que les hurlements de Pascal (volontairement étouffés et passés au vocoder) complètent le tout. Et c’est parti pour plus de cinq minutes d’une musique qui fait autant headbanguer (ce break !) que tripper, les variations incessantes sur le riff et les mélodies de départ transformant le tout en une montée en puissance ininterrompue.
Le groupe assume sa démarche comme rarement : "On High In Blue Tomorrows" est un instrumental piano/violoncelle saisissant qui réussit le tour de force de développer les mêmes ambiances que les titres en guitare saturée avec d'autres instruments. C'est dérangeant, malsain, et pourtant il se dégage de ce mix entre éructations vocales, guitares planantes et riffs pachydermiques une forme de beauté fascinante qui rend l'écoute de Lapse profonde et introspective. On se prend ce bloc sonore comme on se mange un mur, la douleur en moins. "I Try to Follow 2" et son motif rythmique utilisé et ré-utilisé jusqu'à la rupture, servant autant de base à des mélodies cristallines qu'à des passages bruitistes et dissonants, ses micro-breaks flirtant avec le progressif… le mariage entre basse ronronnante, arpèges aériens et mélodie simpliste de l'intro de "As Others", puis cette voix parlée qui vient renforcer l'aspect décalé du titre… les samples bizarroïdes de "Imposing Noise" qui se mêlent à des riffs rythmiquement tarés… les accords bizarrement pop de "The Identical" et ses hurlements de femme soutenus par une batterie sans faille… on a à peine le temps de comprendre et d'analyser tout ça que l'album s'arrête et qu'on se retrouve désemparé. Et on rappuie sur "play".
Si vous ne vous êtes toujours pas remis du split d'Eden Maine, si Envy vous fait décoller ou si l'album de Draft vous avait laissé sur votre faim, il ne vous reste qu'une chose à faire : sauter sur Lapse et vous laisser embarquer pour un voyage qui vous plongera dans un état second et béat, et vous y maintiendra jusqu'à la dernière seconde. Puissant, instinctif, cérébral, envoûtant, dérangeant, cet album a tout pour lui. Indispensable pour les fans du genre, très recommandé aux autres, c'est une claque. Merci…