20008

CHRONIQUE PAR ...

97
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 14 novembre 2025
Sa note : 16/20

LINE UP

-Robert Garchitorena
(chant+guitare)

-Xoan Isaac Paz Álvarez
(guitare)

-Julio
(basse)

Ont participé à l'enregistrement :

-Hervé "MkM" Queyroix
(chant sur 1 et 7)

-Sébastien "BST" Tuvi
(batterie)

TRACKLIST

1) Taste the Emptiness
2) My Wish Is to End Their Breath
3) Under Fire
4) In Eternal Hunger
5) All Shall Kneel to Chaos
6) The Stench Spreading to Your Progeny
7) Isolation Nation

DISCOGRAPHIE

Acts of Blood (2025)

Fermento - Acts of Blood



La France n’est pas une grande nation du metal, tout au moins historiquement parlant. Toutefois, depuis le début du XXIème siècle, l’Hexagone s’est forgé une intéressante réputation dans le domaine du black metal. Certaines variétés françaises de ce sous-genre n’ont pas vocation à s’exporter – le black metal médiéval et francophone ou le France Culture black metal (coucou AK !). En revanche, le French brutal black-death a ouvert une succursale en Islande, et pourrait bien faire de même en Espagne, avec Fermento comme tête de pont.

Originellement madrilène et conçu comme un projet de brutal-death à tendance grouik, Fermento est allé s’installer en Galice à la fin du siècle dernier et s’est accordé une petite pause de… seize ans entre Recipe for Cremation et l’objet de la présente chronique, Acts of Blood. Une pause en forme de mise en bière donc. Rien d’étonnant qu’une fois sorti de son cercueil, Robert, la tête pensante de la formation, ait la tête pleine de sombres pensées. Passer du brutal-death au black-death a dû sonner comme une évidence pour lui… Et le moins qu’on puisse dire, c’est que six pieds sous terre, il a bien eu le temps de recharger les accus… Il vous suffira de dépasser les premières secondes d’écoute et cette introduction sommaire où l’on pourrait croire à un album dark mais atmosphérique, pour comprendre que Fermento est violent, rampant et tourbillonnant. Et austère, terriblement austère. La seule « fioriture » que se permet le groupe est une voix d’outre-tombe sur l’excellent "The Stench Spreading to Your Progeny". Pour le reste, c’est guitare, batterie - tenue par BST, ex-Aosoth, tiens, tiens, quelle coïncidence…- et basse. Cette dernière est placée très en avant dans le mixage. Personnellement, je trouve le choix particulièrement judicieux puisque la prédominance de la quatre-cordes, non content de renforcer le côté grave et impitoyable de l’ensemble, rend la musique de Fermento quasi industrielle dès que le groupe baisse la cadence – on entendrait presque du Godflesh sur les passages les plus lourds de "My Wish Is to End Their Breath".
Il s'agit d'une interprétation toute personnelle, sans doute, mais ce qui est clair, c’est que si cet album grinçant, rampant, générateur incessant de riffs tarabiscotés n’est pas d’une originalité incroyable, il est remarquablement exécuté et transpire la rage noire, la vraie, l’authentique. Le seul petit bémol digne d’être rapporté réside dans le fait que, dans cette louable intention de produire une musique sans compromis, Fermento s’interdit d’utiliser de manière répétée le même motif musical. Cela fonctionne globalement très bien, l’auditeur est rapidement noyé sous une déferlante sonore impressionnante, mais je n’aurais pas été contre l’utilisation un peu plus récurrente de certains passages initiaux de "All Shall Kneel to Chaos" et de "Taste Emptiness". Ce dernier titre, où MkM - ex-Aosoth, tiens tiens, quelle coïncidence… (bis) - vient accompagner de son organe rocailleux les coassements à la Abbath de Robert. Autre moment de pure démence, "The Stench Spreading to Your Progeny" marque également les esprits par sa violence cyclonique. L’intermède quasi-instrumental - seuls les cris initial et final de Robert proviennent d’une gorge (plus ou moins) humaine - "In Eternal Hunger", plus orienté black metal classique, surprend quelque peu l’auditeur et confirme la versatilité d’un groupe dont la renaissance est fort intéressante.


Acts of Blood est un maelstrom black-death. Versatile, terriblement hargneux, le nouvel album de Fermento ravira les fans de bon gros black death bien brutal. Garanti 0% fioritures et 0% simagrées, vous serez satisfaits. Et si vous ne l’êtes pas, je serais vous, je la bouclerais. Après seize ans passés dans un cercueil, l’ami Robert a les nerfs…





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