Chronique : Gjendød Svekkelse (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 27 septembre 2025

Sa note : 17/20

LINE UP

-Kim "KK" Johnsen
(chant+basse)

-Christian "K" Broholt
(guitare+claviers)

-Terje Myhre "TK" Kråbøl
(batterie)

TRACKLIST

1) Lykkens bortgang
2) Maktens sødme
3) Uten nåde
4) En staur i hjertet
5) En elv av kjøtt
6) Likvekkelsen
7) Med fjell av åte
8) Den falske råte

DISCOGRAPHIE

Livskramper (2024)
Svekkelse (2025)

Gjendød - Svekkelse

(2025) - black metal et un peu plus - Label : Osmose

Tout frais sur les talons d’un Livskramper tout à fait apprécié ici-même, Svekkelse cherche à battre le fer tant qu’il est encore chaud. Ou semble-t-il. Comme pris d’une urgence indéfinie les membres du groupe accélèrent la cadence des sorties d’un groupe pourtant pas avare de ses efforts. Explosion créatrice ?

Force est de reconnaître que la patte Gjendød ne s’est pas dissoute en un an. Froid, brutal, pernicieux et en même temps capable de mélodies, d’expérimentations en dehors des clous (et pourtant dieu sait si le black aime porter des clous), les toujours Norvégiens s’échinent à prouver que la contrée à l’origine de la popularisation du style est toujours aussi vivace dans sa production. Affublée d’une production sonore toujours aussi sylvestre et au couteau, d’un chant hurlant raclé vindicatif à s’en tailler les veines de joie, Svekkelse démarre sur les chapeaux de roue, plein de blasts ravageurs et de riffs acérés. "Lykkens bortgang" ne laisse pas la place au doute, black metal furieux toute. Ljå, souvenez-vous pour cette faculté à assimiler crade extrême à des compositions solidement ancrées dans les mélodies. Taake évidemment vient à l’esprit et soulignons la toujours pertinence de la référence à Spider God évoqué dans la chronique de l’album précédent. Furieux et inattendu. Car comment qualifier cette fabuleuse ligne de basse, parfaitement détachée et audible qui intervient dans un moment de répit dans les riffs (pas dans les blasts) ? Progression spatiale dans un monde d’organique forestier, le genre de décalage inattendu qu’on espère quand il est fait avec cette maestria. Prélude à d'autres apparitions maîtresses de celle-ci, bien que moins marquantes.
Première chanson, première mise en ambiance. Svekkelse n’est peut-être pas aussi surprenant tout son long, on ne lui demande pas tant que les furies black metal bouleversent notre équilibre mental, mais il parvient à maintenir la tension chemin faisant. Parlant de faisans, Gjendød part clairement à la chasse la fleur au fusil, car ce qui est marquant dans cette alliance des, non pas contraires, tout du moins des improbables, c’est que tout progressiste tente-t-il de s’afficher dans ses propositions musicales, le trio norvégien ne se dépare jamais d’une brutalité et d’une agressivité constante. Si les blasts sont omniprésents ou peu s’en faut, le son malingre, malin, rugueux, disgracieux des guitares martyrise constamment vos tympans. C'est dans ce contexte que même la tout à fait mid tempo "En staur i hjertet" fait figure d’hymne noir. Oui ces Norvégiens n’ont cure de votre confort auditif alors même qu’ils s’ébrouent à défricher des terrains rarement mis en lumière dans un genre qui a pourtant vu passer quantité de tentatives plus ou moins heureuses au fil de ses désormais quarante années d’existence. Et c’est bien pour ce point qu’on les remercie chaleureusement. Prompts à taquiner l’avant-garde sans jamais oublier d’être dangereux, c’est en cela que Gjendød réjouit. Ce côté maladif à maintenir le lien avec la tradition aura certainement raison de ceux qui ne sont que de passage, attirés par des commentaires mentionnant la créativité dans l’extrême. Ils seront reçus par deux baffes initiales : crade et violence.

Superbe effort que voilà, continuation espérée d’un Livskramper qui m’avait surpris pas plus loin que l’an dernier. Du black metal black metal du sol au plafond, viscéralement attaché à son folklore. Tout autant que viscéralement attaché à perturber les repères. Lorsque c’est fait avec autant de brio, on salue et s’incline.

P.S. : et pour la deuxième année de suite, je m’auto-congratule d’avoir su éviter le piège tendu par notre ami chanteur/bassiste