Chronique : Vicious Rumors The Devil's Asylum (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 17 septembre 2025

Sa note : 13/20

LINE UP

-Brian "Chalice" Betterton
(chant)

-Geoff Thorpe
(chœurs+guitare)

-Denver Cooper
(chœurs+guitare)

-Robin Utbult
(chœurs+basse)

-Larry Howe
(chœurs+batterie)

TRACKLIST

1) Bloodbath
2) Dogs of War
3) Crack the Sky in Half
4) High Hell Hammer
5) Butchers Block
6) Abusement Park
7) Wrong Side of Love
8) Boring Day in Hell
9) In Blood We Trust
10) Better than Me
11) The Devil's Asylum

DISCOGRAPHIE

Digital Dictator (1988)
The Devil's Asylum (2025)

Vicious Rumors - The Devil's Asylum

(2025) - heavy metal power metal - Label : Steamhammer

Quel est le point commun entre Rage Against The Machine, U2, Radiohead, Muse et Coldplay ? Hormis la qualité déclinante de leur musique (RATM ayant lucidement arrêté les frais), ces groupes ont pour particularité de ne jamais avoir changé de line up en plusieurs décennies d’existence. Pendant ce temps-là, Vicious Rumors change les trois cinquièmes de son personnel et intègre son quarantième musicien, ou à peu près. Une instabilité chronique qui n’augure pas forcément du meilleur quand paraît le quatorzième album en quarante ans.

Le titre d’ouverture détrompe en partie cet a priori négatif. Riff heavy speed, guitares énergiques, refrain plutôt accrocheur : "Bloodbath" est un quasi décalque de son homologue en ouverture de Celebration Decay, le long format précédent sorti il y a cinq ans presque tout pile. Le chant de Brian « Chalice » Betterton (ex-Kill Ritual), l’un des nouveaux venus, est un peu moins âpre que celui de son prédécesseur Nick Courtney, mais lui ressemble énormément. Rien d’étonnant à cela, le leader Geoff Thorpe, seul membre permanent de la formation, s’échinant à recruter des clones crédibles du talentueux Carl Albert, tragiquement disparu il y a trente ans. Avec Chalice, il a trouvé une voix capable d’alterner les registres menaçants-mélodieux avec option vocalises, adapté au power metal usiné par la formation. "In Blood We Trust" et le final "The Devil's Asylum" s’inscrivent dans la même veine speed, avec des relents thrash metal sur ce dernier qui instillent une dose de virulence bienvenue.
Car pour le reste, hormis les accélérations qui donnent brièvement le change sur "Butchers Block", "Boring Day in Hell" et "Abusement Park", l’allure est plutôt tranquille, voire empesée sur "Better than Me". Ce ne serait pas un problème en soi si l’inspiration était au rendez-vous. L’interprétation et l’écriture sont certes solides, mais elles se révèlent malheureusement très convenues. Les thèmes se ressemblent et ressemblent à ceux que les Californiens moulinent depuis des lustres. Les refrains sont travaillés - ici c’est pas la manif - les accords solennels et les solos, souvent en twin, généreux. Du Vicious Rumors pur jus. Les Californiens font bien une petite incartade glam sur le refrain de "Wrong Side of Love" qui fait songer à Ratt et se montrent plus directs sur celui de "High Hell Hammer", même si ce n’est pas Sodom non plus. Mais ces pas de côté sont bien trop timides pour remettre en cause la doxa power, déroulée sur le sympathique "Crack the Sky in Half", à la fois bonifié par une modulation sur laquelle Chalice se distingue, et grevé par son insistance finale.

Les musiciens s’en vont, un nouveau chanteur éructe et la caravane vintage repasse. Les fans du heavy mélodieux de Vicious Rumors seront sans doute satisfaits par cette manifestation en tout points conformes à ce qu’ils pouvaient attendre des pionniers du power US. Conséquence difficilement évitable après une aussi longue carrière à ce régime, les idées fraîches, en revanche, manquent à l’appel. Comme Accept, Riot V & co, Vicious Rumors fait plus que jamais partie de ces troupes de vétérans du metal traditionnel, figés dans l’application d’une recette resservie comme la blanquette du dimanche, roborative mais dénuée de toute surprise.