Chronique : Sult Sult (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 15 août 2025

Sa note : 14/20

LINE UP

-Jakob Sture Winnem Larsen
(chant+guitare+basse)

-Simon Agerskov
(guitare)

-Paweł "Tuna" Tunkiewicz
(batterie)

TRACKLIST

1) Dyrisk had
2) Stakler
3) Er livet livet værd
4) Brudstykker af liv
5) Serveret af Satan
6) Entropisk dystopi
7) Livets bitre ende

DISCOGRAPHIE

Sult (2025)

Sult - Sult

(2025) - black metal - Label : Independent

Avant, c’était quand même mieux. Sult a dû faire sienne cette maxime car s’il est une chose évidente à l’écoute de la musique des Danois, c’est : black metal des années quatre-vingt-dix. Au moment de faire les présentations, ce point s’affirme comme une évidence. Pourtant, et ce pour notre plus grand plaisir, le groupe a choisi de brouiller les pistes. Inattendu…

Et oui les bigorneaux, car dès "Dyrisk had" Sult fait démonstration qu’il ne souhaite pas foncer tête baissée dans tous les clichés du style par l’incorporation d’une mélodie langoureuse pas évidente dans le cadre de ce black metal très froid, très cru, très quatre-vingt-dix. On pense à du Ljå, lui-même très gourmand de ces années. Ou du Darkthrone de cette même période bénie. Et voilà-t-y pas que débarque une subtilité, un pas de côté absolument pas anticipé. Alors accrochez-vous car le schéma va se répéter de chanson en chanson. Chacune vous proposera sa variation ou une attaque stylistique improbable. Car qu’est "Er livet livet værd" si ce n’est un hommage aux Urfaust et Furia (le Polonais) de ce monde ? Soudainement on comprend que Sult n’est pas le groupe de trve black de base plus ou moins maîtrisé qu’il donnait l’impression d’être de prime abord.
Soudainement il devient une entité plus grande, plus intéressante et intrigante. La proposition charmante par ses déformations par rapport au socle commun. C’est ainsi que les compositions se développent, prenant un chemin propre, certes non dénué de références évidentes mais à tout le moins doté d’une personnalité et en audible recherche d’un son un plus recherché que la simple inspiration du passé. C’est d’autant plus surprenant que l’enveloppe sonore est vraiment digne des plus trve, Ljå donc, mais aussi le premier Koldbrann, référence de saleté. Et ce chant, saturé et mouliné d’effets, c’est le raclage en règle bien connu des amateurs de noirceur. Pour un premier album, ça impressionne. Sauf qu’en se penchant sur le CV des différents membres, et notamment celui qui semble être l’instigateur de la chose, on se rend compte qu’il y a du kilométrage déjà, et dans des styles qui manifestement appellent à l’expérimentation.
Ok, donc les bibelots nous ont bien eus en se faisant passer pour des perdreaux de l’année marqués du sceau de la tradition ancestrale rigide. Ce Sult apparaît comme nouveau certes, sauf qu’il n’est qu’une continuation d’activités passées au service du Malin toujours, mais en dehors des sentiers battus. Ceci explique également la maîtrise dans la crasse. Car si l’aspect garage est prégnant, cela dissimule mal un jeu carré et propre (n’espérez quand même pas des débauches de notes), bien loin de ce que certaines formations proposent sous couvert de servir Satan. Lien équilibriste entre l’ultra classicisme et des tentations plus hautes, Sult revigore le black metal qui en 2025 semble en panne d’inspiration. Par ses aspérités profondément respectueuses des codes il saura parler aux trves. Néanmoins par ses aspirations osées, il s’ouvre le monde des plus aventureux.

Faut-il choisir un camp dans ce cas ? Je dis non car les deux ne sont pas incompatibles étant donné le dosage minutieux des deux approches. Les voyages en terres inconnues demeurent contenus, tout comme l’expérimentation ne divague pas dans le délire total, loin de là. Mais ce sont bien ces petits hoquets qui épicent une livraison à conseiller aux âmes noires, mais également aux curieux.