19904

CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juillet 2025
Sa note : 15/20

LINE UP

-Alexandre Iskandar Hasnaoui
(chant+violon+claviers)

-Renaud Tschirner
(chant+violon+claviers)

-Eve-Gabrielle Siskind
(chant)

TRACKLIST

1) Leçon de ténèbres
2) Chanting
3) Into Bottomless Perdition
4) Deploration
5) Infernal Beauty
6) Lucifer
7) Eclipse
8) The Reign of Chaos and Old Night
9) The Emperor

DISCOGRAPHIE


Elend - Leçons de ténèbres
(1994) - néoclassique ambient darkwave - Label : Holy records



Paris, 5 octobre 1993. Dead Can Dance joue au Grand Rex. Le duo australien et les musiciens invités n’interprètent qu’un extrait d’Into the Labyrinth, l’album massivement distribué trois semaines auparavant à échelle internationale. Combien de personnes, conquises par les sonorités multi-culturelles de ce dernier, ont écouté Within the Realm of a Dying Sun, œuvre inouïe, parue six ans plus tôt, lorsque les Océaniens étaient étiquetés neoclassical dark wave ? Une poignée de gothiques, quelques métalleux ouverts d’esprit attirés par l’imagerie sombre des pensionnaires de 4AD, le label de Cocteau Twins : autant dire très peu de monde. Alors, quand à la fin de l’hiver 1994 Leçons de Ténèbres d’Elend paraît, une sensation d’inédit s’empare des auditeurs.

Nul doute que pour la majorité des heureux possesseurs du premier long format du collectif franco-autrichien, l’écoute est une révélation. Une musique toute en claviers et en voix, sans aucun instrument traditionnel du rock ni du metal, et pourtant tourmentée, obscure, délicate – rien à voir avec les oppresseurs de l’indus ou les évanescences de l’heavenly voices. Enfin, si, un peu quand même s’agissant du dernier genre cité, tant le chant d’Eve-Gabrielle Siskind s’apparente au murmure angélique d’une envoyée de l’Éden. Distillant des vocalises d’une douceur infinie sur la majorité des morceaux, elle articule des paroles en de rares occasions, essentiellement sur "Lucifer", l’un des moments forts de la réalisation marqué par les cascades de cordes en mode Quatre Saisons de Vivaldi ("l’Hiver") et les hurlements d’Alexandre Iskandar Hasnaoui, très convaincant en ange déchu submergé par la rage. La plupart des pistes s’achèvent d’ailleurs de manière spectaculaire sur ses imprécations saisissantes, qui renforcent la tonalité décadente du recueil.
Les cris positionnés au cœur d’"Into Bottomless Perdition" en relancent l’attention, de la même façon que sur "Deploration" auquel les orgues et les cordes donnent une emphase très « musique sacrée » à la Jean-Sébastien Bach. Sont dépourvus de vociférations lucifériennes "The Reign of Chaos and Old Night", moins dense que la moyenne et l’instrumental "Infernal Beauty", que les synthés gonflés d’une chorale féminine et les fx rapprochent étrangement, ou non, de "I Robot" de The Alan Parsons Project. L’occurrence n’est toutefois pas la plus représentative, pas plus que la liminaire chanson-titre laissant filtrer une mélopée orientalisante et du chant religieux. Ce dernier fait pourtant sens puisqu’il est en lien avec l’intitulé de l’enregistrement, les Leçons de Ténèbres désignant un genre musical liturgique créé en France au XVIIème siècle et destiné au premier des trois nocturnes qui accompagnent chaque office des Ténèbres pendant la Semaine Sainte, Marc-Antoine "Te Deum" Charpentier (1643-1704) étant sans doute le compositeur le plus prolifique en la matière. De formation classique, les membres d’Elend ont choisi de noircir davantage le tableau en adoptant le point de vue du prince des démons et en adaptant des passages du Paradis Perdu (1667) de Milton. L’instrumentation relève essentiellement de l’utilisation de claviers, agrémentés de sonorités de hautbois et de violoncelle, et de vrais violons, maniés par Hasnaoui et son camarade Renaud Tschirner sur des tempos modérés.
Outre les envolées séraphiques d’Eve-Gabrielle Siskind et les expectorations du chef des enfers, le pupitre des voix se partage entre du narratif et un chant clair d’une mélancolie poignante, comme sur "Chanting". Certes, la production diaphane trahit le manque de moyens, celui du jeune label Holy Records qui a eu le flair de signer le trio. Mais le manque de puissance, notamment durant les tunnels de claviers qui accusent une baisse d’intensité préjudiciable, ne remet pas totalement en cause la force du propos, qui se termine de manière marquante avec "The Emperor" par le biais d’un superbe canon et des dernières invocations du Porteur de Lumière. Quant à "Eclipse", remarquablement construit et relancé d’une astucieuse variation, il illustre les aptitudes des musiciens à la composition, alors même qu’ils ont arrêté leurs études avant d’aborder cette redoutable discipline.


En dépit d’un son à l’étoffe légère, l’adaptation luciférienne des Leçons de Ténèbres du Grand Siècle force le respect compte tenu des conditions rustiques de sa captation. Sur le modèle de Dead Can Dance, sans la virtuosité vocale mais avec un sens dramatique affirmé, les membres d’Elend délivrent un artefact peu commun, dominé par des claviers ensorcelants et désespérés, en accord avec le nom du projet. Les arrangements modestes tissent une atmosphère d’outre-monde impalpable qui enveloppe ce premier essai, plein de promesses, d’un charme unique.


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