19896

CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 18 juin 2025
Sa note : 17/20

LINE UP

-Robert James Smith
(chant+guitare)

-Matthieu Hartley
(claviers)

-Simon Johnathon Gallup
(basse)

-Laurence Andrew "Lol" Tolhurst
(batterie)

TRACKLIST

1) A Reflection
2) Play for Today
3) Secrets
4) In Your House
5) Three
6) The Final Sound
7) A Forest
8) M
9) At Night
10) Seventeen Seconds

DISCOGRAPHIE


The Cure - Seventeen Seconds
(1980) - rock gothique - Label : Fiction



Lorsque Robert Smith, guitariste et chanteur de The Cure, remplace John McKay pendant une tournée commune avec Siouxsie and the Banshees en 1979, la carrière de son groupe bascule. Non pas en raison d’un débauchage qui ne sera que temporaire, mais de la puissance ressentie par Smith sur scène avec les Banshees, qui l’a poussé à modifier l’orientation musicale de The Cure. Il est vrai que Seventeen Seconds, deuxième long format des Anglais, marque un changement plutôt radical avec son prédécesseur.

Sorti au printemps 1979, Three Imaginary Boys, illustré par des appareils ménagers, était un recueil de sympathiques rengaines post punk, encadré par des singles hors album au potentiel accrocheur, dont "Killing an Arab" et, surtout, "Boys Don't Cry". Les Américains ne s’y tromperont pas en les ajoutant à une sélection de titres issus de Three Imaginary Boys pour bricoler une compilation intitulée... Boys don’t Cry, qui sort au début de l’année 1980. La chasse au succès est ouverte. On devine l’étonnement des personnes ayant apprécié ces premiers efforts radio friendly en découvrant deux mois plus tard les errances arides de Seventeen Seconds. Cependant, le choc n’est pas brutal. Lancée sur un rythme enlevé que domine la basse chantante du nouveau venu Simon Gallup, "Play for Today", la première chanson, se révèle presque joyeuse. Presque. La guitare déroule un motif fringant, avec très peu d’emphase et aucune profondeur. Les claviers de Matthieu Hartley, autre nouvel arrivant (en provenance de la même formation que Gallup), offre un contrepoint discret, en phase avec les consignes de Smith qui demande de la simplicité. Il n’y a pas vraiment de refrain mais l’occurrence est suffisamment entraînante pour faire croire à une continuité avec les réalisations antérieures. Tout de même, il était bien lugubre, cet instrumental en ouverture. Piano obsédant qui égrène les mêmes notes mélancoliques, comme une boite à musique au ralenti, "A Reflection" évoque un étang gelé au milieu de nulle part. "Play for Today" n’était qu’un leurre : Seventeen Seconds est une plongée dans des brumes anxieuses qui ne s’arrêtera qu’à la fin coupée de sa piste éponyme.
L’itinéraire est court, trente-cinq minutes à peine, le quatuor n’ayant pas les moyens de s’éterniser en studio. "The Final Sound" est réduit à un hoquètement sinistre au piano de moins d’une minute, qui symbolise la faculté des Britanniques à tirer le meilleur parti de la situation, en allant droit au but. Hormis quelques effets de console, les fioritures sont inexistantes, provoquant une sensation d’abandon qui s’insinue particulièrement dans le delay du piano qui domine les paroles à peine audibles de "Three", d’où monte la pulsation d’un moniteur d’hôpital probablement opérée par la guitare, absente jusque là. Néanmoins, cette dernière guide la plupart des compositions, le plus souvent soutenue par la basse qui la double quasiment note à note, couple hypnotique tressant des litanies, "Secrets", "In Your House", "Seventeen Seconds". Le chant plaintif de Robert Smith est toujours aussi distinctif, mais donne l’impression d’être présent sans être là, intervenant presque par surprise, épisodiquement, pour signaler en creux l’effacement de l’humain. Sur "At Night", des salves graves et saturées le soumettent, ponctuées d’un gimmick orientalisant venu d’un autre monde, passé au filtre crépusculaire du paysage aveugle que tisse la guitare. En dépit de son atmosphère blanche, Seventeen Seconds est traversé par une tension permanente, à la faveur de tempos majoritairement soutenus, et surtout de la scansion impitoyable de Lol Tolhurst. Sa battue d’une sécheresse extrême fait l’effet d’une succession de coups de fouet administrés par un garde-chiourme robotique.
Pourtant, de ces cheminements livides, la beauté émerge. Elle sourd de mélodies à l’apparente simplicité, s’extrait d’une énergie presque involontaire, contemplative, à l’image de celle qui irise "A Forest". Amorcé par une sirène funèbre d’où émergent des arpèges engourdis, le morceau choisi comme single est revigoré par l’arrivée tardive de la batterie et de la basse. Comme "Play for Today", l’allure est allègre, et le flanger dynamique renforce le thème principal. Les inflexions vocales reflètent la détermination de celui qui veut témoigner, bien que restant parcimonieuses, comme si l’émotion, la sidération l’emportait sur l’expression, ce que confirme l’enchaînement d’accords en delay qui scandent la séquence finale, contenant l’espoir flétri de vivants en sursis.


À rebours de la lumière, Seventeen Seconds chemine entre les balises introuvables d’un territoire qui se dérobe à mesure qu’on le découvre. Les mélodies spectrales s’évanouissent dans une ambiance froide et dense, nourrie de rythmes implacables et de guitares cristallines, à peine troublée par la voix lasse de Robert Smith. Le leader de The Cure a maîtrisé le virage gothique qu’il appelait de ses vœux en accouchant d’une œuvre inattendue, au charme hypnotique.



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