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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 17 juin 2025
Sa note : 17/20

LINE UP

-Farrokh "Freddie Mercury" Bulsara
(chant+piano)

-Brian Harold May
(chant sur "'39" et "Good Company"
+chœurs+guitare+koto+harpe+ukulélé)

-Roger Meddows Taylor
(chant sur "I'm in Love with My Car"+chœurs+batterie)

-John Richard Deacon
(piano+basse+contrebasse)

TRACKLIST

1) Death on Two Legs (Dedicated To ...)
2) Lazing on a Sunday Afternoon
3) I'm in Love with My Car
4) You're My Best Friend
5) ‘39
6) Sweet Lady
7) Seaside Rendezvous
8) The Prophet's Song
9) Love of My Life
10) Good Company
11) Bohemian Rhapsody
12) God Save the Queen

DISCOGRAPHIE


Queen - A Night at the Opera
(1975) - pop rock hard rock - Label : EMI Elektra



Appeler son groupe Queen au pays de Sa Gracieuse Majesté, c’est se coller une pression de malade, voire se tirer une balle dans le pied selon les personnes qui n’ont pas été convaincues par les débuts rock hard et glam, volontiers grandiloquents, développés par le très actif quatuor. Trois albums sont parus en moins d’un an et demi, les ventes progressent mais pour atteindre le sommet, il faut frapper un grand coup. Les fans, car il y en a aussi, ont attendu une année entière pour découvrir A Night at the Opera.

Le délai, conséquent en ces frénétiques années soixante-dix, est dû autant à une volonté de peaufiner la réalisation qu’aux démêlés de la troupe anglaise avec sa maison de disque et son management. Le ressentiment est tel que sur l’insistance de son auteur, Freddie Mercury, "Death on Two Legs (Dedicated To …)", charge lourde envers un manager indélicat – sans le citer expressément toutefois – est placée en ouverture. À une exposition dramatique initiée au piano, tenu par le chanteur, succède un thème venimeux conclu par une chorale imposante et une adresse rageuse de Mercury - « But now you can kiss my ass goodbye », voilà qui n’est pas très gentil. Le solo rompt quelque peu la dynamique, le stop arrêt en guise de conclusion est abrupt mais au moins le message est clair, à défaut d’être subtil, confortant les détracteurs de Queen quant à son penchant pour la lourdeur. Il est certain qu’on n’est pas chez David Bowie ou Marc Bolan, pour rester dans la sphère glam rock, un genre que la Reine délaisse, à la timide exception de "Sweet Lady", sur lequel Brian May délivre le seul véritable riff de l’enregistrement. Sa guitare heavy rappelle brièvement Led Zeppelin, malgré une accélération incongrue sur le refrain et un solo sans aspérité et en decrescendo en guise de final.
Et pourtant, Queen peut se montrer léger. En témoignent ces petites merveilles de préciosité kitsch que sont "Lazing on a Sunday Afternoon" et "Seaside Rendezvous", délicieuses respirations dans la lignée de "Bring Back That Leroy Brown" sur Sheer Heart Attack, le long jeu précédent. Sur la deuxième nommée, Mercury et le batteur Roger Taylor exécutent une réjouissante partie « instrumentale » entièrement à la glotte, trompette bouchée incluse. « So adorable ». Dans un registre plus intime, la jolie bluette "You're My Best Friend", dédiée par le bassiste John Deacon à sa femme et guidée par les sonorités réconfortantes d’un Wurlitzer Electric Piano, illustre la sensibilité dont peuvent faire preuve les quatre chevelus. "Love of My Life", piano-harpe-voix participe de la même tendance. La mélodie est sucrée, cependant avec la voix à forte charge émotionnelle de Freddie Mercury, qui l’a composée pour sa plus proche amie et confidente, ça passe crème – climax en concert garanti. Néanmoins, les Londoniens donnent du grain à moudre à leurs contempteurs. Outre une reprise un brin empesée de l'hymne national, alors appelé "God Save the Queen" - il fallait bien que la section britannique la fasse un jour - celle-ci délivre "I'm in Love with My Car", mid tempo balourd chanté par Roger Taylor qui hurle à propos d’une bagnole, celle d’un roadie a priori, accompagné par des bruits de moteur et une guitare en flanger permanent, comme pour cacher la misère d’accords simplistes. Heureusement qu’une modulation incisive à la guitare apporte un peu de nervosité et les chœurs un semblant de douceur. Ces derniers sont en revanche particulièrement emphatiques sur "The Prophet's Song", pièce ambitieuse signée Brian May après "Father to Son" sur Queen II. Mercury sauve les meubles sur le refrain, avant de les bazarder sur un passage a capella interminable pendant lequel lui et les choristes en font des tonnes, là où un minimum de sobriété semblait s’imposer. La guitare en delay met fin aux « la-la-la » à la limite du risible, avant une fin inutilement étirée.
Le six-cordiste à bouclettes séduit bien plus lorsqu’il narre avec une guitare acoustique le retour sur Terre d’une équipe d’astronautes qui se rendent compte que tous leurs proches sont décédés, "‘39" étant à la fois l’année de leur départ et celle de leur arrivée un siècle plus tard, fichue distorsion spatio-temporelle. Emmenée par un ukulélé sautillant, "Good Company", également de sa composition et chantée par lui, se révèle aussi délicate que pince sans rire, joyeuse dénonciation en creux des valeurs bourgeoises. Et puis il y a la dinguerie. Nouvelle tentative de Mercury visant à créer un titre de grande ampleur après "Liar" sur le premier LP et "The March of the Black Queen" sur le deuxième, "Bohemian Rhapsody" est varié, surprenant, fou, excessif, insensé autant que superbement arrangé. Alors oui, les parties opératiques au milieu peuvent paraître too much, Ok, elles SONT too much, et un peu gênantes, aussi. Mais elles font toute l’originalité de ce morceau hors normes. Quant à la mélodie à l'entame, chantée par son auteur qui s’accompagne au piano, elle est d’une beauté... désarmante. Et la reprise furieuse à la guitare après le passage central un pur moment d’excitation primaire.


Le travail et la patience ont fini par payer. Alchimie improbable d’éléments disparates, A Night at the Opera est une œuvre étourdissante, qui dépasse ce que Queen avait produit jusqu’alors. En dépit de quelques boursouflures (Queen ne sera jamais le cover band de Joan Baez), le recueil intrigue par son aspect protéiforme qui lui confère un charme unique, grâce à une interprétation de haut niveau - Freddie Mercury, stratosphérique derrière le micro - des arrangements aux petits oignons et des chansons à forte personnalité, dont une destinée à s’inscrire au panthéon du rock. Elle symbolise la démesure d’une entité qui avec son quatrième long format, a définitivement changé de dimension.



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