19893

CHRONIQUE PAR ...

98
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 17 juin 2025
Sa note : 15/20

LINE UP

-Nicolas Bonnet
(guitare)

-Julien Heudel
(basse)

-Vincent Berrier
(batterie)

TRACKLIST

1) Welcome To Exilion
2) Furvent
3) Endless Blast
4) Jerry’s Escape
5) There’s nothing but disreputable people at...
6) La Malterie
7) Araski
8) Storming The Dark

DISCOGRAPHIE

Exilion (2025)

The Baptized - Exilion
(2025) - rock heavy metal psychédélique instrumental post stoner - Label : Atypeek Music



Si un instant vous doutiez de la nature du macrocosme que vous avez choisi de sonder ici et maintenant, un fuzz introductif – pour le moins éclatant - tranchera instamment les veines de la perplexité qu'une teinte de rose un rien trop tendre aurait pu vous inspirer, lorsque vous vous êtes penchés sur le présent disque. Tel un objet sidéral se rapprochant dangereusement de vous, "Welcome to Exhilion" préfigure la collision imminente. Point n'est besoin d'ingérer de substances déviantes pour rêver dès lors la suréminente promesse de quelque évasion transcendantale. L'onde phonique qui nimbera votre périple désormais se veut bel et bien décrochée de l'espace commun. Mais la destination n'est pas exactement plaisancière. Soyez les bienvenus oui, en Exilion.

« Seulement, on n'est jamais sûr d'être assez fort, puisqu'on n'a pas de système, on n'a que des lignes et des mouvements. »
Et tout est affaire de rythme et de plis. « Furvent, ceux qui vont mûrir te saluent ! » Et de suivre la Trace de La Horde du Contrevent. Cette écriture qui se plaît à déjouer les codes usuels de la narration pour à chaque instant aller à contre-courant – sa lecture pour l'occasion de cette chronique n'aura que consolidé mon opinion quant à l’hélicoïdal "Furvent", appuyée référence à l'ouvrage d'Alain Damasio et qui constitue la véritable pénétration et imprégnation de l’atmosphère d'Exilion. Pour me conduire à ainsi cheminer de 701 à 0, fallait-il que ce morceau m'interroge et me captive, euphémisme.
Furvent (å), serait-il ici souligné de plus d'un trait ? Cette onde de choc de la seconde oraison, ce sixième vent d'une violence telle qu'il rase jusqu'aux plus puissantes forteresses, ne laissant sur son passage que ruines, semble convoquer la clé de langage inventée pour lui seul dans quelque carnet de contre. Violent, certes oui. Bouleversant. De par la grâce de sa résonance. D'écoute inlassable.
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Ponctuations faites cryptogramme – voulu déjà « phonique » à sa manière - symbolisant en ordre précis chacune des rafales, chargées de sable ou de terre, vagues et tourbillons, décélérations et turbulences, salves et trombes, contre-vagues et vortex définissant le Furvent, pourraient nous apparaître comme élégamment avivées dans cette instrumentation solidement architecturée. Ci-fait.
Au delà de cette vision rêveuse, il n'est bien en vérité question que de rythmes, lignes et mouvements. En aucun cas une voix s'élèvera pour déclamer son oraison et asséner sa vision au cœur de cet album. Aucun lyriciste, nulle parole si ce n'est celle – alchimique - des instruments. Basse, guitare, batterie, trois figures liées étroitement pour ériger un espace balayé, épuré de toute intrusion. Quelle que soit la vision plus ou moins poussive que l'on peut porter sur le propos, l'intention de cette obsédante occurrence est limpide, faucher efficacement l'auditeur et expulser au loin ses ultimes velléités de se raccrocher à son monde familier. Qu'il découvre donc selon son propre choix le paysage baroque qu'il s'inventera au gré de l'écoute, ou qu'il sombre dans la contemplation celui que The Baptized a éructé de son propre imaginaire pétri de science-fiction, un univers dévasté par les vents, les blasts et les distorsions. Aridité et désolation pour définition, sous la houlette d'un sablonneux stoner, ainsi se découvre la terre inhospitalière d'Exilion. Paradoxalement, rien ne manque pour s'y complaire.
À peine foulé le sol de cette mappe, "Endless Blast" s'emploie à étirer le mugissement d'un autre vent qui concurrence farouchement notre "Furvent" initiatique, qui soulève progressivement l'auditeur à la faveur d'une basse pénétrante – et dès lors qu'il l'a enserré, refusant de lâcher prise – frappe et grêle, cascade et malmène à l'envie sa nouvelle proie comme une poupée de chiffons. "Endless Blast", voulu salve implacable reniant sa nature de morceau de musique voué à l'évanescence pour figurer la sente d'un début d'infini.
Mais si cette terre est infertile (si ce n'est en inventions) et tourmentée, nous ne sommes pas pour autant privés de toute présence vivante. Théâtral acolyte d'un instant – non point figure héroïque de cette traversée – Jerry se présente à nous sans modestie mais avec panache, une apparition pour le moins épique. Comme jailli de quelque faille spatio-temporelle, explosant d'une ardeur dynamisante, il laisse cependant se creuser derrière lui un sillon de mélancolie irrépressible qui progressivement enserre les tripes et corrompt celui qui galvanisé, emboîterait le pas de ce curieux compagnon de route.
S'impose alors un temps d'arrêt. Insoupçonnable affaissement de cette frénétique cavalcade. Un filet d'eau calme s'écoulant dans le désert. Une nappe qui ondule comme un serpent. Ou une messe basse, onctueuse, sournoise. "There’s nothing but disreputable people at..." Mais où donc, dites-le-moi. Où se réunissent ces êtres peu recommandables ? Quel est leur asile, le théâtre de leur commerce ? Ce lieu clos, refuge si familier des trois acolytes ? Est-ce la Cantina de Mos Eisley ? Non. La "Malterie". Cette salle de concert Lilloise saluée ainsi dans un assaut de caractère se frottant ostentatoirement contre les racines d'un heavy marqué. Frontal, versatile, astringent. Tout comme ce verre d'"Araski" qui nous est alors servit. Liquide non identifié qui dessèche plus qu'il n'hydrate tant la note qui le sert tapisse la langue d'une saveur – oh, très subtile - alcaline. Juste de quoi composer une batterie d'accumulateur rechargeable à haute tension. Et cette diablerie d'"Araski" ravive les vents sauvages, et avec l'éloquence d'un drogué au manganèse, compulse la vision d'une terre brûlée d'acharnement.
Et puis enfin, "Storming the Dark", qui clôture cet intrigant chapitre. Un morceau dual, sombre et écrasant aussi bien que limpide et aérien, au gré de ses mouvements. Où l'on se laisse porter par ses accents mélancoliques soutenus, perclus dans la contemplation d'un paysage, peut-être intérieur cette fois, celui de notre choix. Suivant le courant de l'onde musicale, revenir à l'initial. Lever la tête et savourer une ultime salve, plus enragée que toutes les autres.


Tout le paradoxe de cet album est que son écoute n'inspire pas exactement l'hostilité de cet Exilion. Ces morceaux ouvrent d'avantage sur une évasion vers un univers, certes dépouillé d'intrus, déconcertant, mais dont les contours encore un peu flous laissent présager de visions autrement plus inspirantes que celles d'une terre ravagée. Si on peut reprocher à cette composition d'être d'un abord très homogène – voire à l'excès - de nécessiter une certaine implication pour en extraire tout le détail et la versatilité, il est clair qu'Exilion nous découvre de très belles prétentions qui mériteront d'être amplifiées à l'avenir. Immersif, il saura piquer au vif la sensibilité des amateurs du registre.





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