Chronique : Sivyj Yar A Scarlet Sunset over the Horrid Abyss (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 18 mai 2025

Sa note : 15/20

LINE UP

-Vladimir Vishniakov
(tout)

TRACKLIST

1) Our Tears Have Turned to Ice (Наши слёзы стали льдом)
2) A Scarlet Sunset over the Horrid Abyss (Над страшной пропастью рдяный восход)
3) The Deadly Fog Drags Forth (Тянется смертная мгла)
4) Everything Under the Snow Will Hush, Then Die (Всё под снегами утихнет, умрёт)
5) In Their Slumber, the People Shall Forget Us (Во снах своих нас позабудут люди)

DISCOGRAPHIE

From the Dead Villages' Darkness (2014)
Burial Shrouds (2015)
A Scarlet Sunset over the Horrid Abyss (2025)

Sivyj Yar - A Scarlet Sunset over the Horrid Abyss

(2025) - black metal - Label : AvantGarde Music

Bien installé sur le label milanais Avantgarde Music (Abysmal Grief, Light Field Reverie) qui publie ses albums depuis plusieurs années, Vladimir Vishniakov aka Sivyj Yar (Сивый Яр) y peaufine son black metal au long cours. Après une parenthèse instrumentale carillonnante en 2022 paraît A Scarlet Sunset over the Horrid Abyss. Construit à partir de textes d'Andreï Biély, poète symboliste russe du début du XXe siècle, le recueil contient des photographies d'archives prises dans les camps de Kolyma, l’un des endroits les plus terribles de l’époque soviétique. Le contexte peu festif promet la noirceur la plus oppressante. Ce ne sera pas le cas.

Il serait très étonnant néanmoins que les fans de K-Pop qui tomberaient sur cette réalisation suite à un bug de l’algorithme s’attardent longtemps sous le climat dérangé que tissent des chœurs fantomatiques rappelant Monumentum, autre compagnon de label, durant les premières mesures. Et encore moins après avoir entendu le riff lent et grésillant qui leur succède, relayé par des accords amples et une salve de blasts. Guitare en trémolos et claviers font résonner un thème dramatique enrichi d’un contrechant à la basse du plus bel effet, avant un ultime retour au calme. Ce schéma est développé sur les quatre autres pistes approchant ou dépassant les dix minutes, renforcées par le chant rugueux de Vladimir Vishniakov.
Proches dans leur inspiration, leur déroulé et leur tempo (moyen), les compositions offrent une cohérence génératrice d’une ambiance particulière et contradictoire, faite d’un désespoir lumineux qui n’est pas sans rappeler Sgàile, autre one man band signé sur Avantgarde Music. Plus mélancolique et moins épique que les œuvres de son homologue écossais, A Scarlet Sunset over the Horrid Abyss bénéficie d’un son très proche, où aucun instrument n’est mis en avant, même si la basse est plus audible que la moyenne des productions black metal (audible tout court, donc).
La batterie légèrement en sourdine favorise l’émergence des thèmes mélodieux qui surgissent au gré des accélérations mesurées entrecoupée d'accalmies temporaires. Des sonorités d’instrument à vents, saxophone sur la chanson-titre, trompette sur "The Deadly Fog Drags Forth" et "Everything Under the Snow Will Hush, Then Die", ainsi que violon et piano apportent quelques couleurs aux enchaînements fluides que vient hanter par intermittence une chorale diaphane. "In Their Slumber, the People Shall Forget Us" (quel titre…) apporte à l’enregistrement une conclusion en tous points conforme aux critères pré-établis.

Porté par une ferveur douloureuse qui le transcende, le millésime 2025 de Sivyj Yar est un voyage aux paysages similaires et changeants tout à la fois. Âpres et mélodieuses, atmosphériques et telluriques, les compositions se fondent dans un creuset commun alimenté par des courants contraires. Forte, homogène, l’œuvre transporte dans un ailleurs familier, terrible et beau.