Chronique : Ainsoph Affection & Vengeance (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 31 mars 2025

Sa note : 15/20

LINE UP

-Isa "I" Gier Verheul
(chant)

-Tadzio "T" Danniel
(guitare+claviers+basse)

-R
(guitare)

-B
(batterie)

TRACKLIST

1) Cowardice
2) The Beaten Path Made Flesh
3) Zeal Like a Timeless Vacuum
4) Affection
5) Call to the Fire
6) Vengeance
7) Seven Mouths in the Neck
8) Purple Curtains

DISCOGRAPHIE

Affection & Vengeance (2025)

Ainsoph - Affection & Vengeance

(2025) - post rock black metal gothique - Label : Wolves of Hades

Une invitation pour le monde des songes est difficile à refuser. L’intitulé du premier album de Ainsoph, Affection and Vengeance, ne le laisse pas forcément supposer mais c’est à un voyage hors sol que la formation amstellodamoise convie les esprits curieux. Néanmoins, ceux-ci ne seront pas complètement déboussolés.

Des guitares carillonnent au travers d'un voile épais de réverbération dans lequel s’engouffre un chant féminin diaphane : l’indication portée par "Cowardice", la piste inaugurale, semble diriger vers les sphères de l'heavenly voices/ethereal wave initiées par Cocteau Twins. Le motif lourd en conclusion annonce cependant un revirement qui se confirme sur "The Beaten Path Made Flesh", tempo soutenu amorcé par un riffing fiévreux, que survolent des intonations vocales à la limite de la plainte évoquant celles de Stefanie Mannaerts, chanteuse-batteuse chez les voisins belges de Brutus. Les blasts fournis aussi bien sur le refrain que sur le passage instrumental au mitan– pas de solo sur l’enregistrement – entretiennent une tension qui s’évanouit en partie sur "Zeal Like a Timeless Vacuum", le morceau suivant. Ce schéma alternatif se répète tout au long de la réalisation, parfois dans le même titre. "Affection" est une déferlante douloureuse qui monte puis s’écrase sur un rivage hébété alors que "Seven Mouths in the Neck" donne la sensation d’errer dans un labyrinthe d’hésitations renvoyant au point de départ.
Ainsoph, au nom rappelant les Italiens d’Ain Soph (vétérans du neo folk) et Ensoph (indus gothique), entretient sur ces occurrences une confusion diffuse au risque d’égarer les oreilles en recherche de balises. S’ils font beaucoup pour l’immersion rêveuse, les graves presque étouffants tendent à contrarier les mélodies, dans la lignée de l’EP Ω – V paru cinq ans auparavant. Toutefois, celles-ci se fraient un chemin vers une lumière fuligineuse sur le final "Purple Curtains" ainsi que sur "Call to the Fire", bruissement héroïque où se mêlent les larmes et la danse, conclu par une mélopée cristalline aux claviers qui se poursuit plaisamment sur l’intermède "Vengeance".

Balançant entre fureur et contemplation, Affection and Vengeance est une exploration contrastée mais toujours intense aux confins du metal et du rock gothique. Gonflant la vague sombre et sensible formée par leurs compatriotes de The Devil's Blood, Dool et Gold, les Néerlandais d’Ainsoph ne craignent pas de privilégier le climat à l’accroche, tout en démontrant des aptitudes pour les compositions à forte densité. À la frontière entre les abysses marginales et l’éclat de la rédemption, le recueil, séduisant et déroutant, est destiné aux âmes intranquilles.