Chronique : Cadaver Hymns of Misanthropy (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 27 mars 2025

Sa note : 15/20

LINE UP

-Anders "Neddo" Odden
(chant+guitare+basse)

-Dirk Verbeuren
(batterie)

TRACKLIST

1) Maltreated Man Makes Man Manic
2) Chained to His Fate
3) Nowhere to Hide
4) Sunset at Dawn
5) From the Past
6) Breaking Through
7) Misanthropic Anthemn
8) Death Has to Wait
9) Through the Pain
10) Drowned in Dreams

DISCOGRAPHIE

Hymns of Misanthropy (2025)

Cadaver - Hymns of Misanthropy

(2025) - death metal - Label : Listenable Records

Cadaver est une bien étrange entité. Capable de participer à l’émergence d’une scène death norvégienne, puis de ressusciter pour faire du black plutôt très brutal pour finalement décider de revenir à ses premières amours. En plus de trente-cinq années au service de la mort le groupe porté par Neddo nous en a fait voir de toutes les couleurs. Couleurs de nouveau changeantes ?

Il semblerait que le changement de style soit une facétie appartenant au passé. Cependant… comment expliquer "M5" qui ouvre l’album ? Une sorte de jazz joué comme du death metal. Attention, pas du death avec influences jazz à la Cynic ou Atheist, non on parle bien du jeu jazz mais qui serait joué par des gros métalleux. Indication pour la suite ou tromperie ? La thèse de la tromperie prévaut dès "Chained to His Fate". Non pas que la façon de jouer diffère grandement, Dirk Verbeuren derrière les fûts étonne toujours en faisant sonner son kit comme une batterie de jazz des années soixante-dix, ou du proto black metal, au choix, mais il fait bien du death metal. Seulement il ne cogne pas avec la dureté attendue du style. Ou les rythmiques habituelles. Le tempo est poussé évidemment, pourtant la différence se marque. Il suffit d’attendre et entendre "Nowhere to Hide" qui propose de nouveau un break en dehors des canons.
Le plus rigolo dans l’histoire c’est que les riffs et le son des guitares peuvent rappeler, euh non… sont du pur Death des années quatre-vingt par moments. L’on se dit dès lors que Neddo joue avec nous. Avec nos perceptions et nos attentes. Nos référentiels aussi. En les faisant voler en éclat il tient une proposition réjouissante. De la nostalgie innovante, l’oxymore est osé. Explosion des carcans qui libère la créativité et soulage des attentes trop souvent paralysantes. Neddo se permet ainsi des propositions voguant habilement entre inattendues et passéistes. La combinaison paradoxale devient un aspirateur à bons sentiments, des prédispositions bienveillantes envers ce death metal qui devrait être pour les vieux et qui finalement s’ouvre des possibilités incongrues. Rajoutez par-dessus cela, pour les vieux justement, ceux qui ont connu leur période black metal de Discipline sous le nom Cadaver Inc., l’imperceptible rappel des sonorités brutalisantes et black metallisantes.
Sauf que Hymns of Misanthropy, pour sombre qu’il soit n’est pas black metal. Ni brutal. Il est simplement un ode au pas de côté, au « ferme ta gueule et écoute ». Ça n’en fait pas un grand disque, que les choses soient claires, mais ça en fait un disque foutrement intéressant et intriguant. L’amateur de death metal y trouvera son compte à la condition express qu’il ne se vautre pas dans le gras, le gore, le classique. J’ai du mal à envisager des non-death métalleux s’essayer avec succès à une telle sortie qui suinte malgré tout le bon vieux death de mamie, mais pourquoi pas après tout, la vie est faite de surprises.

Oui ceci est un album de putain d’intéressant. Pas par sa qualité faramineuse. Il est bon certes, cependant il ne tutoie pas les sommets. Par contre, il donne à moudre. De la réflexion sur ce qu’est du bon death metal. Sur l’utilisation des codes. Et sur la possibilité de sonner frais à plus de cinquante balais.