Chronique : Borgne Renaître de ses fanges (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 06 mars 2025

Sa note : 13/20

LINE UP

-Sergio "Bornyhake" Da Silva
(chant+guitare+basse+batterie)

-Sandra "Lady Kaos" Henny
(claviers)

TRACKLIST

1) Introspection du néant
2) Comme une tempête en moi qui gronde
3) Même si l’enfer m’attire dans sa perdition
4) Condamnée à errer dans les méandres
5) Ils me rongent de l’intérieur
6) Dans un tourbillon de douleur
7) Un espace hors du temps
8) Royaumes de poussières et de cendre

DISCOGRAPHIE

Renaître de ses fanges (2025)

Borgne - Renaître de ses fanges

(2025) - black metal indus - Label : Les Acteurs de l'Ombre Productions

Borgne… Borgne. Bordel, c’est pas québécois cette affaire ?!! Avoir, je me suis fait. Persuadé que je faisais face à des cousins d’Outre-Atlantique. Car en Borgne résonnent les syllabes des Forteresse, Sorcier des glaces, Monarque et autres noms ultra francophones qui pullulent en ces terres. Ben non. Borgne est suisse. Car paraît-il que la Suisse est également pour partie francophone, et que certains de ses groupes mettent mieux en lumière notre belle langue que nos propres groupes.

Et de l’indus. Je voyais Borgne comme une entité pratiquant un black metal bien cru, au son grésillant et constellé de blasts sinon continus, a minima ultra majoritaires. Pourquoi pas quelques mélodies car le monde n’est pas uniquement cruel, mais voilà, de la musique pour amateurs noirs, et qu’eux. Alors tout n’est pas faux dans ces assertions, mais il en manque une totalement fondamentale dans la sortie qui nous intéresse : claviers. Et donc indus. Car l’indus découle des claviers spatiaux. Pas que, direz-vous à raison, puisque l’utilisation de la batterie, bien évidemment bardée de blasts, son enveloppe sonore, contribuent à la catégorisation indus de l’ensemble. C’est bien cette caractéristique qui m’a tapé dans l’œil, car je l’avoue sans détour, je ne goûte guère la fange (mouhahahaha) québécoise du black metal. Ce qui m’a toujours étonné soit dit en passant, tant elle promeut les traditions du black comme je l’aime. Peut-être trop ? Qu’importe. Borgne.
Ça crie comme il faut. Le chant, mis en retrait dans le mix, ne commet pas d’impair majeur. Le raclage s’insère dans les standards avec une qualité agréable. Il donne à la musique son compagnon de route idéal pour nous transporter dans les vallées glacées de Renaître de ses fanges. Mais le plus important demeure évidemment le couple guitare/claviers dans ce type de musique portée par ses ambiances. Et les guitares balancent. Ok, y’a très peu de riffs au sens conventionnel du terme mais les nappes ambiancées produites par les tremolos font mouche dans la tête pour construire ce monde stellaire glacé. À ce titre, on se rapproche parfois beaucoup d’un Mysticum en moins fou, les Norvégiens demeurant une référence en la matière.
À noter que des sonorités s’assimilent également à… Strapping Young Lad (les claviers, car les autres instruments n’ont rien à voir). Rigolo. Pas mal de bonnes choses dans ce Renaître de ses fanges, il est donc grand temps de partir à la recherche des reproches. Rassurez-vous, ceux-ci ne pullulent pas. De fait, il n’y en aurait qu’un seul véritable, celui qui cherche la petite bête, mais il peut se révéler terrassant : la complaisance dans le correct. On s’entend, pour un groupe qui traverse sa vingt-cinquième année d’existence, le niveau affiché est tout à fait délectable. D’un autre côté toutefois, on perçoit pourquoi Borgne est une entité respectée, et respectable, sans avoir jamais réellement percé les hautes sphères. Les moments purement marquants manquent à l’appel.

Dès lors vous savez que vous avez affaire à une livraison de qualité, qui remplira de joie les amateurs de black metal à sonorités indus, quand même plus black que franchement indus. Une livraison cantonnée à sonner bien mais sans ni révolution, ni profusion de brillance. Satisfaisant mais sans plus, donc.