Chronique : Sulfator Gemini (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 02 mars 2025

Sa note : 14/20

LINE UP

-Romain Carroussel
(chant+guitare)

-Bastien Peyras
(chant+guitare sur "Over Space and Time"+batterie)

-Antoine Hallay
(chœurs+guitare sur "Obsidian Son" et "Voidblast"+basse)

-Pierre-Axel Barrier
(chœurs+guitare)

Ont participé à l’enregistrement :

-Rita Ramony
(chœurs sur "Imperium", "Path of Gemini" et "Obsidian Son")

-David "Vidda" Castel
(guitare sur "Protocol Zero")

TRACKLIST

1) Imperium
2) Genomorphis
3) Protocol Zero
4) Chaos Division
5) Over Space and Time
6) Voidblast
7) Path of Gemini
8) Obsidian Son

DISCOGRAPHIE

Gemini (2025)

Sulfator - Gemini

(2025) - thrash metal technique - Label : Autoproduction

Les sorties de thrash technique ont toujours été parcimonieuses. Y compris chez les parrains du genre, exigeant, apparu à la fin des années quatre-vingt. Il faut désormais attendre un lustre pour espérer une livraison de Mekong Delta, tandis que Coroner et Watchtower jouent les arlésiennes depuis des décennies. Vektor, qui avait brillamment repris le flambeau au tournant des années 2010, semble prendre le même chemin. Alors quand une formation au palmarès vierge (ou presque) déboule dans le game, on dresse les deux oreilles et on prie.

Prier (ou non) pour que ça soit de la bonne came, et pas des machins tout patauds comme il en existe hélas quelques spécimens. Sulfator a un peu de vécu, le groupe existant depuis 2014 et ayant sorti un EP l’année suivante. Une longue pause pour raisons personnelles plus tard, les Toulousains proposent leur premier album intulé Gemini. Rien à voir avec The Alan Parsons Project ni The Night Flight Orchestra, comme en atteste "Imperium" en ouverture surspeed. Riff vif et syncopé, basse audible, chant saturé : la filiation avec Vektor, assumée, est patente. Des chœurs féminins rappellent d’ailleurs "(Re)Charging the Void" des Nord-Américains, malgré la brièveté de leur partition. Ils se font plus consistants sur "Path of Gemini", qu’ils font avantageusement sortir du corpus.
Ils participent de ces petits pas de côté qui rendent certaines pistes plus saillantes. En effet le tempo invariablement rapide et l’enchaînement des passages saccadés présentent une cohérence qui rend difficile la distinction de certains chapitres du recueil. Ainsi les arpèges cristallins de "Chaos Division" et le motif intrigant à l’entame de "Voidblast" font regretter que ces trouvailles n’aient pas été davantage exploitées, alors que "Genomorphis" et "Obsidian Son", final façon montagnes russes à haut sommets de célérité mais de faible amplitude, offrent peu de prise. Le son se révèle très correct pour une production indépendante mais accuse tout de même un déficit de profondeur, de même que le ou plutôt les chants, arasant plutôt que valorisant les développements ultra-dynamiques concoctés par la section du 3-1.
Car niveau énergie, la jauge est à bloc. Les riffs déferlent, entrecoupés de solos fluides et mélodieux qui « humanisent » les assauts impitoyables des Occitans. Et quand ces derniers enrichissent leur substrat, des moments délectables sont au rendez-vous, telle la vibe "Hangar 18" de "Protocol Zero" garni de guitares twin ou "Over Space and Time", débuté une fois n’est pas coutume mezzo voce par un chant spectral à la Johan Edlund de Tiamat, avant d’être bonifié par un contraste net entre séquences supersoniques et accalmies.

Amateur(e)s de techno thrash, réjouissez-vous, un nouveau nom talentueux se joint à la communauté. Les membres de Sulfator maîtrisent leur Vektor et leur Obscura sur le bout des doigts, propulsant du riff à balle et des solos classieux à tout va. Il sera intéressant de suivre la troupe du Sud-Ouest qui, si elle parvient à affirmer sa personnalité, pourrait bien tutoyer les cimes arpentées par leurs prestigieux modèles.