Grâce à Lamori, j’ai découvert les îles Åland. Comme quoi le metal est culturellement complet puisqu’il peut nous apprendre aussi la géographie. Un petit conglomérat d’îles à cheval entre la Suède et la Finlande, à qui elles appartiennent. Et comme la situation géographique fait bien les choses, coincé ainsi entre un pays très doomeux et un autre où est né le melodeath, Lamori ne pouvait que rester dans ce champ lexical. Raté. Signé sur un label italien, le groupe fait dans le metal gothique. Un gothique à l’ancienne, mais bien modernisé quand même.
Se définissant eux-mêmes dans la veine de HIM, en plus dark, en plus mélancolique… Les définissant moi-même en bien plus metal aussi, parce que ça growle parfois en tessiture black, en plus électronique également, parce que le clavier est très présent (j’ai bien écrit « très », pas « trop »). Et là, tu te dis cher public singleton, avec toute cette affection que tu as pour moi : « mais pourquoi il a écrit « à l’ancienne » ce vieux con, c’est plutôt moderne sa description, il devient gaga ». Et bien j’ai une réponse pour toi qui tient en un mot : « Cemetary, pauvre ignare ». Pas le Cemetary des early nineties, qu’on s’entende bien, mais celui de
Plasma Phantasma dans l’esprit, même si la réalisation est parfois différente. C’est un peu plus martial ou plus mécanique chez Lamori, voire presque germanique à tel point que parmi les anciens du gothic metal-rock comme genre général, j’ai entendu un peu d’EverEve. Tu ne connais pas EverEve ? Ah ? Ne t’inquiète pas, j’y viendrai un jour, je te raconterai ma rencontre scénique avec eux.
Ça y est, tu as compris le «
à l’ancienne » ? Comme si HIM avait inventé quelque chose… D’ailleurs, je n’ai pas super compris leur auto-analogie, j’en reste perplexe, je trouve que c’est parfois plus proche de
Rammstein que de HIM ou du moins de ce que j’en connais. Lamori est ultra gothique dans son approche mélodique et surtout vocale. Le chanteur a une belle palette de possibilités, et il en joue beaucoup, passant facilement du grain «
roté » au grave chaud à la
Fernando Ribeiro puis au growl. Il sait presque tout faire, sauf être sobre car il se laisse parfois un peu emporter au point de friser le too much. Mais cela fait le décorum de l’utra goth metal n’est-ce pas ? J’aimerais qu’ils arrivent un jour à canaliser ce petit défaut de parfois trop en faire pour ne garder que l’excellent. Car il y a des passages vraiment remarquables lorsque l’on aime le style : la seconde moitié de "The Eye of The Storm" ou celle d’”Insomnia”, "Ave Valkyria", la rage de "Valley of Great Dismay", et j’en passe.
Si les noms Cemetary, EverEve et Moonspell vous interpellent un peu, Lamori peut être fait pour vous, à condition de tolérer les excès des uns et le type de metal gothique des autres. Mais il vous faudra aussi aimer une certaine modernisation électronique pour espérer entrer dans la musique de Neon Blood Fire. Quant à moi, j’ai fait un revival inattendu vers un genre dont je pensais être revenu. J’aime bien les revivals, c’est touchant quand en écoutant un titre, on cherche à qui cela fait penser, et que ce « qui » est un ancien amour…