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CHRONIQUE PAR ...

98
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 01 février 2025
Sa note : 18/20

LINE UP

-Einar Solberg
(chant+claviers)

-Tor Oddmund Suhrke
(guitare)

-Robin Ognedal
(guitare)

-Simen Daniel Børven
(basse)

-Baard Hvesser Kolstad
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

- Lyan Cahuac Hun
(piano sur "Faceless" et "Unfree My Soul")

-John Fredrik Lönnmyr
(Orgue Hammond sur "Limbo")

TRACKLIST

1) Silently Walking Alone     
2) Atonement         
3) My Specter             
4) I Hear the Sirens             
5) Like a Sunken Ship     
6) Limbo     
7) Faceless     
8) Starlight     
9) Self-Satisfied Lullaby     
10) Unfree My Soul

DISCOGRAPHIE

Bilateral (2011)
Coal (2013)
The Congregation (2015)
Malina (2017)
Pitfalls (2019)
Melodies Of Atonement (2024)

Leprous - Melodies Of Atonement
(2024) - inclassable - Label : Inside Out Music



La prime sensation. Alentissement. Tel un court métrage tourné en slow motion ? Où chaque foulée, comme freinée par une machinerie invisible, ne perd cependant pas en obstination à avancer ? Il n'est pourtant pas dans l'intention de Leprous de dresser ici une fresque cinématographique. Mais la sensation est là. Tangible. L'esprit, perclus dans les brumes, englué par cette lenteur troublante, cependant assailli de perturbations phoniques obsédantes. Mais avancer. Juste avancer. Jusqu'à ce que le voile se déchire, d'impériosité.

L'intention est limpide dès cet instant. Dès "Silently Walking Alone". La direction de cet album, la lourdeur mâtinée d'éclats. La composition, dépouillée et organique. La vision, essentialiste. Mais l'indice était déjà sous nos yeux, dans le design, le minimalisme de micro-organismes perdus dans l'immensité noire de l'océan. Et ces mots éclatés, le nom, les lettres de Melodies Of Atonement, disséminées en tout sens. Délaissés les éléments symphoniques, la volonté d'Einar a été d'ouvrir pleinement l'espace, libérant l'expression des musiciens. Nous pénétrons un univers intimiste, émaillé de saillies brillantes. Ici, les abords feutrés, l'apparente retenue des musiciens, ne concourent qu'à sublimer chaque salve incandescente en parangons d'émotions. Des émotions brutes. Dénudées d'artefacts. Est-ce d'ailleurs sublimation ou expiation? « It's all because of you ». La toile est amplement déployée, "Atonement" cascade farouchement sur son passé. Celui d'Einar ? Oui. Mais ici et seulement ici. Sans déborder sur les autres morceaux. Il n'est jamais de débordements. Mais équilibre subtil. Leprous est puissance, componction, jamais emphase. Ébranlement, jamais lamentation. Son écriture, directe.
Chaque chanson est son propre écrin. Et nous chutons en eux. Fascinant est celui qui enferme la délicate écume d'une vague scélérate. "I Hear the Sirens". Qui la première m'aura – longuement - tourmenté l'esprit. Déployant encore plus superbement l'hypersensibilité induite par "My Specter" qui la précède. "I Hear the Sirens", d'un Silence assourdissant, simplement bouleversante. Mais aucune de ces compositions ne souffre la moindre faiblesse. Particulièrement enivrantes sont les boucles de "Faceless", nous cahotant d'onctuosité en gravité. Contrebasse et piano tissant une atmosphère ouatée de toute beauté, cependant que se frayent d'adroites montées en charge. Fendu d'un suave solo de guitare, le morceau se clôt sur l'incantatoire « Never go alone / Never go alone / Never the unknown / Never the unknown », ce chœur de fans, 170 solos enregistrés et sélectionnés avec soin courant mars 2024 pour cette superbe occurrence. L'irrévérencieuse "Like a Sunken Ship", en manifeste éloquent de cette balance schizophrène des sentiments. Dès le début, elle prend de la hauteur, oscille entre détachement et dédain résigné, avant de se révulser et d'exploser, jusqu'à devenir violente. Mais ces chœurs à l'ingénuité sarcastique ? "Like a Sunken Ship" suscite la confusion, jetant l'étrange par poignées sur nous.
"Limbo" ne saurait que plonger son auditeur dans une torpeur hallucinée à la faveur de ses fascinantes nappes de claviers - et d’entêtante tribalité, provoquer le soudain soubresaut de cet état de transe. Hypnotique "Limbo". Cet appel impérieux « Been seen as a rebel, Your own private devil, Renegade, renegade ». De quitter son siège, emporté par cet état modifié de conscience, dans d’erratiques mouvements, seulement intuitifs. "Starlight" encore, sa locution mantratique qui hante l'esprit, refusant obstinément de s'évaporer. "Starlight" qui ne se laisse pourtant jamais entièrement saisir. D'une étrange clarté au cœur de l'album, contrastée par les slides mordants de mélancolie et un solo paroxysmique, ses discrètes pulsations ritualistes comme une porte laissée entrouverte. À son tour, elle interroge. Non moins que "Self-Satisfied". À ce point épurée sur ses deux-tiers. Tel un souffle d'air inondant les poumons. Exacerbant le minimalisme dans chaque détail, et pourtant d'une stupéfiante profondeur de champ. Jusqu'à cette montée en puissance, naturelle, sans le moindre heurt. Et encore ces percussions claniques. Quelques touches électroniques, pour parachever cette vision de simplicité essentielle. Et à la toute fin, « Please let me inside, I'll capitulate at last ». Atteignant "Unfree my Soul", ce pouls, cette sensation d'atteindre l'intime profondeur. De flotter dans un entre-deux univers. Est-ce expiation ? Ou expiration. Abandon des sens à l’apaisement, enfin ?
Excellence ? Oui. Dans la finesse d'une section rythmique à la métronomie parfaite. Alliant force et douceur, ingéniosité et malice. Dans la vibration des cordes, d'une locution sans défaut, d'une émotion palpable, dans une justesse de propos saisissante. Dans la nappe de claviers, cette toile étendue à l’extrême et dans laquelle nous nous sentons tomber. Dans mille et un détails dont on comprend qu'aucun n'est le fruit d'un choix hasardeux. Est-il besoin de le souligner encore ? De graves profonds en falsettos utopiques ? Cette voix, si parfaitement instrumentalisée. Le doute aurait-il osé s'élever que la démonstration en serait encore plus éclatante.


Aucun débordement, jamais. Un équilibre d'une finesse qui confine à la précision mathématique. De toujours, Leprous nous tient la dragée haute. Très haute. Savoureuse, non moins que troublante. Et il me semble ne jamais pouvoir finir de m'en repaître. L'excellence est-elle seulement encore perfectible ? Nul n'ignore que Leprous dédaigne volontiers ses propres compositions passées pour toujours viser plus loin, jusqu'à l'acmé. Melodies of Atonement n'en est qu'une nouvelle consécration.





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