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CHRONIQUE PAR ...

97
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 03 janvier 2025
Sa note : 18/20

LINE UP

-Svartpest
(chant+guitare+claviers)

-Avsky
(batterie)

A participé à l'enregistrement :

-Utfall
(basse)


TRACKLIST

1) Dunklets Öppning
2) Ett Liv I Ruin
3) Bortom Bortglömda Skogar
4) Vargarna Är Samlade
5) Gravens Boning...
6) Undergångens Liklykta
7) Vid Ättestupans Kall
8) Dränkt Av Livets Sekret

DISCOGRAPHIE


Tyranni - Dränkt Av Livets Sekret
(2024) - black metal - Label : New Era Productions



Étudiant, j’avais un camarade de promotion épatant. Doté d’une grande intelligence, il ne révisait jamais quoi que ce soit, se contentait de me demander de le laisser copier mon examen, puis, corrigeait les erreurs, améliorait l’ensemble, obtenant par conséquent une meilleure note que la mienne. Il est français et féru de musique classique. S’il avait été suédois et fan de black metal, il aurait certainement intégré Tyranni.

Tyranni est également un élève doué. En cinq ans d’existence, il a tout compris au black metal du début des années quatre-vingt-dix. Son apparence est trompeuse. Que ce soit sur le premier album, ou sur celui qui nous intéresse, les redoutables couvertures cheap en noir et blanc, couplées à l’origine scandinave du projet, suggèrent une ode à Under A Funeral Moon. Sur ce nouvel opus, rien de plus loin de la réalité. L’ambition de Svartpest, l’homme derrière Dränkt Av Livets Sekret, dépasse, et de loin, la tentative d’hommage à des grands noms du Nord. Et pour cause : Tyranni ne se limite pas à puiser son influence dans la seule scène scandinave. Cela doit être dû au nom de la formation. Ce dernier est bien suédois mais on pourrait/devrait le prononcer avec l’accent italien, ou grec même, tant les références aux scènes de black metal méditerranéen sont nombreuses et bien utilisées. Si certains passages sont frappés du sceau du trve unholy black metal, comme l’ouverture du l’excellent "Bortom Bortglömda Skogar", si le chant et l’atmosphère cryptique, particulièrement bien mise en avant sur un "Undergångens Liklyta" aux forts relents emperoriens, sont totalement compatibles avec une vision nordique du black metal, un certain nombre d’éléments, ou d’absence d’éléments, montrent, eux, une lecture plus méridionale de l’exercice.
La basse, extrêmement mise en avant, peut rappeler Necromantia et ses amis hellènes, tandis que le recours extraordinairement fréquent à des claviers que l’on jurerait joués par des moines défroqués ayant juré fidélité au grand cornu, fait certes penser à Emperor, mais également à des groupes transalpins, Abhor en tête, ou Abysmal Grief pour introduire une référence non black metal. Autres points communs entre Dränkt Av Livets Sekret et le black metal du pourtour méditerranéen des années quatre-vingt-dix, le soin portés aux intermèdes, avec des vrais sons de cloches dedans, ainsi que l’absence absolue de blasts, remplacés, au plus fort de la bataille par du bon vieux « poum-tchac » des familles. Tyranni compose donc un album totalement early nineties… mais ose un mélange jamais tenté à cette époque-là. Le résultat est une entité spectrale aux côtés souvent insaisissables. Mélodique mais difficilement mémorisable, brumeux mais bien ficelé, le black metal peu corporel proposé ici est un ravissement pour les fans de black metal sensibles à l’ambiance plus qu’à la baston. Niveau qualité, l’ensemble est d’une belle homogénéité, mais j’ai un petit faible pour "Bortom Bortglömda Skogar" et ses petites velléités d’epicness ainsi que pour le vaporeux "Vid Ättestupans Kall", sur lequel je m’attends à chaque instant à entendre les cris du Crying Orc Vikernes, et dont l’inspiration gothique me parle particulièrement. Mais, bien entendu, l’ensemble de ce second album doit absolument s’écouter comme un tout. Commencez à le disséquer, et la brume magique fiche le camp… 


Dränkt Av Livets Sekret propose une brillante relecture œcuménique du black metal des débuts de l’aventure noire. Avec ce second album fantomatique, Tyranni privilégie l’ambiance à la baston et trace un chemin propre sur les cendres du passé. Il va sans dire que je vais suivre Svartpest, tant je pressens que la promenade peut s’avérer grandiose.





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