Chronique : DeadlySins Age of Revelation (2024)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 09 décembre 2024

Sa note : 14/20

LINE UP

-Mathieu Pascault
(chant)

-Lambert Dewarumez
(chœurs+basse)

-Laurent Borello
(guitare)

-Laurent Kempf
(guitare)

-Xavier Chautard
(batterie)

TRACKLIST

1) Thrash in Weathered Vein
2) Reckoning of the Unholy (Ecclesiasdick)
3) Circle Pit Comedy Club
4) Personal Disaster
5) Ashes to Ashes
6) Fallin'
7) Qhapaq Hucha
8) Heart Drowned in Sulphur
9) Covid 666
10) Farewell

DISCOGRAPHIE

Anticlockwise (2014)
Age of Revelation (2024)

DeadlySins - Age of Revelation

(2024) - rock prog - Label : Adipocere Records

Amusante coïncidence dans le milieu du thrash français : tout comme Arcania, DeadlySins a mis dix ans à sortir son troisième album, à la fin de l’année 2024. Les deux groupes se sont formés quasiment en même temps, ont livré un EP avant leur premier long format et ont sérieusement galéré pour faire paraître leurs dernières créations, dont certaines datent de plusieurs années. Mais la comparaison s’arrête là : d’abord parce que les deux entités ne sont pas originaires du même coin (DeadlySins vient de la région lyonnaise alors que Arcania est basé à Angers), et ensuite parce qu'elles n'ont pas la même approche du thrash metal, comme l’atteste Age of Revelation, la livraison de DeadlySins.

Les intros choyées et les ambiances mélancoliques, ce n’est pas trop le trip des Rhônalpins. Chez DeadlySins, une chanson commence à fond et se termine à balle, avec quelques variations de tempo au milieu, comme sur "Thrash in Weathered Vein" qui ouvre vigoureusement les hostilités et "Qhapaq Hucha" dont le refrain est mis en valeur par un ralentissement judicieux. Seules timides exceptions : "Ashes to Ashes", qui débute piano avant de s’emballer furieusement et le terminal "Farewell" dont l'entame mid tempo est contredite in extremis par une accélération bien sentie. Depuis le réjouissant Anticlokwise de 2014, le très sollicité Kévin Paradis (actuellement et entre autres chez Benighted) a laissé le tabouret de batteur à Xavier Chautard, qui a quitté la troupe avant la parution d'Age of Revelation. Ce dernier sait lui aussi avoiner son kit en toutes contractions, ainsi qu'il le démontre sur le virulent "Covid 666" (vous l'avez ?).
Le mixage et le mastering opérés par Thibault Bernard du studio Convulsound Productions (Mithridatic, The Arisen, Dépérir ou encore... Benighted) donnent une force de frappe accrue par rapport aux réalisations antérieures du quintet. Le son robuste bénéficie à plein à l’ensemble des morceaux, dopant des compositions basique telles que "Personal Disaster", amorcée une fois n’est pas coutume par un scream de Mathieu. L'âpreté de son gosier papier-de-verre est intacte, tandis que ses lignes de chant gagnent en malévolence, parfois renforcées par des chœurs velus, plus impactants que sur Anticlockwise. Ses scansions caractéristiques, très homogènes d'une piste à l'autre, profitent à "Reckoning of the Unholy (Ecclesiasdick)" et "Fallin'", martelés sans pitié. Certes les riffs inspirés du thrash allemand et nord-américain des eighties ne se distinguent pas par leur originalité et les passages rythmiques tendent à se ressembler. Mais que ce soit sur le conventionnel "Heart Drowned in Sulphur" ou "Circle Pit Comedy Club", une critique des circle pits assimilés à de gentils manèges et qui donne envie d’en déclencher un, la férocité est sans faille, le dynamisme omniprésent.

Une décennie n’aura pas réussi à ramollir les furieux gonzes de DeadlySins. Dix titres, dix fulguropoings dans les maxillaires. De cette compacité émergent peu de thèmes marquants et une diversité limitée, mais aussi une vélocité rarement mise en pause et une intensité digne des meilleurs spécimens du thrash historique. Nul doute que sur scène, où la réputation du gang est établie, les exocets d’Age of Revelation brasseront de la viande dans la joie et la sueur. Avec ou sans circle pit.