Chronique : CMPT Na utrini (2024)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 22 novembre 2024

Sa note : 16/20

LINE UP

-Vladimir "Vidak Lešina" Uzelac
(tout)

TRACKLIST

1) Na utrini
2) Oppidum Panuka
3) Mesečina
4) Campus de Maxond
5) Crna voda
6) U raljama košave
7) Kao srp u noći
8) Δ ΙΣΤΡΟΥ

DISCOGRAPHIE

Mrtvaja (EP) (2021)
Krv i pepeo (2021)
Na utrini (2024)

CMPT - Na utrini

(2024) - black metal - Label : Osmose

Les (le) revoilà ! Cmpt, la mort faite black metal. Les deux premières interventions du groupe en 2021 m’ayant beaucoup plu, il est normal que cette sortie s’accompagne du frisson de l’expectative. L’ami Lešina, puisque son identité est désormais éventée, va-t-il réaliser la passe de trois dans son black acéré et froid ?

Coupons d’emblée au suspense : non. Ah bon ? C’est nul ? Pas du tout Jasmine, Cmpt a tout simplement changé son fusil d’épaule (Kalachnikov vu la contrée considérée) en incorporant bien plus de parties mid-tempo. Le son des guitares semble un poil moins agressif, peut-être à cause du nombre plus important de mélodies incorporées, mais n’en demeure pas moins strident pour notre plus grand plaisir. La noirceur et le froid glacial qui en découlent persistent et font partie des éléments constitutifs du son Cmpt. Se retrouvent parsemés dans les chansons aussi, des interventions d’instruments à vent aux sonorités folks. On peut imaginer une quelconque flûte locale, et quoiqu’il en soit, pourvoyeuse d’ambiances sylvestres automnales superbes.
Na utrini un terrain abandonné, ignoré de tous ndlr) part sur d’excellentes bases pour réaliser la fameuse passe de trois évoquée plus haut, seulement sous des atours légèrement différents de ceux attendus. Et c’est tant mieux ! Car si l’immobilisme musical porte en soi un confort souvent fort appréciable il n’est pas viable sur le long terme pour l’existence d’une entité musicale. Cmpt bouge et il le fait de plus avec un talent indéniable, mélangeant les nouveautés mélodiques et posées sans souci au socle de black cru et ardent sur lequel il reposait depuis son explosion au grand jour. "Kao srp u noći" joue par exemple dans un metal extrême bien plus épique que les simples déflagrations sombres dont le Serbe s’était fendu jusqu'à présent. Étirant ses notes, cajolant notre âme de grand aventurier par des chœurs emphatiques sans être pompeux, les plus de cinq minutes font mouche.
Na utrini dévoile une nouvelle facette d’un groupe qui a su amadouer en se portant garant des clichés du style. Il desserre l’étau afin d’exprimer une palette d’émotions plus étendue. Cela ne sera pas du goût de tous, pour autant, plus les écoutes s’empilent plus ce Na utrini fait du chemin dans ma tête. Avec une construction intelligente des titres répartissant les mélodies un peu partout entre les attaques rustiques, l’offrande que nous contemplons de nos oreilles recèle une pertinence difficilement soupçonnable dans les précédents méfaits. La surprise n’est pas ultime car nous savions avoir à faire à une entité bien plus que simplement sataniste et brutale, mais elle n’en demeure pas moins foutrement agréable. D’autant que la présence des blasts rassure sur l’existence, vitale, du sceau de la violence.

Confirmation, continuation et évolution, Na utrini fait plus que remplir son office. Voici la suite très satisfaisante des idées précédemment développées dans un écrin plus accessible grâce à la part plus grande des mélodies tout comme les ralentissements plus nombreux de tempo. Et comme les idées sont toujours bonnes, le tampon de la validation demeure.