Chronique : Laudare Requiem (2024)

CHRONIQUE PAR ...

Belzaran
Cette chronique a été mise en ligne le 16 novembre 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-Almut Voigt
(chant+violoncelle)

-Daniel Kaltofen
(chant+guitare+piano)

-Marie-Luise Thurm
(chant+basse)

-Oliver Russ
(batterie)

TRACKLIST

1) Introitus
2) Dies Irae
3) Quid Sum Miser
4) Rex Tremendae
5) Quaerens Me
6) Lacrimosa
7) Offertorium
8) Hostias
9) Sanctus
10) Agnus Dei

DISCOGRAPHIE

Requiem (2024)

Laudare - Requiem

(2024) - post rock néoclassique et folk - Label : Moment of Collapse Records Breathe Plastic Records

Après leur premier album, Laudare intègre un nouveau membre en la personne d’Almut Voigt. La jeune femme est violoncelliste et chante à la manière de la musique classique. Autant dire que le son du groupe prend une nouvelle tournure ! Un EP sorti et les voilà qui débarquent avec un effort plus long, intitulé Requiem. C’est un OVNI, une proposition musicale originale et particulièrement réussie.

Curieux mélange que la musique des Allemands. Étiquetée post-rock, post-metal ou post-hardcore (c’est post, quoi), elle est bien davantage que ça. On peut ajouter d’autres termes pour bien décrire l’ensemble : néoclassique, folk, progressif… Outre les passages énervés (assez classiques dans leur genre), Requiem est rempli de moments calmes et doux, où règnent le violoncelle et la voix haut perchée de son instrumentiste. Ce n’est pas du chant lyrique à proprement parler, mais pas loin. La formation a clairement trouvé un style, une opposition entre colère et poésie, qu’elle développe sur chaque piste. C’est à la fois la limite et la force de l’ensemble. Si les parties hurlées sont plus standards (mais réussies), ce sont ces passages d’inspiration classique/folk qui interpellent. D’inspiration religieuse, ils donnent un côté grandiloquent (grandiose ?) à l’ensemble. Le violoncelle, l’articulation des chants féminin et masculin s’harmonisent avec beaucoup de réussite. Avec ces influences et ces instruments mis en avant, j’ai beaucoup pensé à Cancel The Apocalypse, l’un des projets de Mathieu Miegeville ("Offertarium"). Musique classique, violoncelle, hurlements… On retrouve les mêmes éléments et les mêmes échos dans les screams.
On pourrait dire que Laudare a trouvé une formule et l’exploite. Sauf que le groupe la tient du début à la fin, sans faiblir. Certaines pistes se concentrent sur les parties calmes, d’autres davantage sur la colère saturée. Les morceaux s’enchaînent avec beaucoup de fluidité, si bien que l’on ne sait pas toujours si un nouveau morceau commence ou s’il est la continuité du précédent. Laudare déploie ses chanson comme autant d’histoires (et de prières ?). Même s’il y a une forme de redondance sur les propositions, la musique se tient et la qualité est globalement homogène. Finalement, on apprécie d’autant plus les morceaux les plus typés, qu’ils soient dans l’attaque frontale ("Quaerens Me", "Sanctus") ou, à l’inverse, dans la quiétude ("Rex Tremendae", la magnifique introduction de "Lacrimosa"). Ces propositions plus marquées sortent du lot et permettent à ce Requiem d’atteindre les hautes sphères de la musique. Car cet album est fondamentalement original et riche. L’émotion, la puissance, la beauté, tout y est. C’est un ensemble, une offrande, qui gagne en force à chaque écoute.

Avec cet album, Laudare frappe un grand coup. Que je crains qu’ils restent perdus dans la nébuleuse des sorties ! Leur musique est déjà si maîtrisée pour un jeune groupe, si brillante, avec une personnalité tellement marquée. On n’est pas loin du chef d’œuvre et on attendra la suite du quatuor avec impatience. Une des grandes découvertes de l'année.