Chronique : Ecr.Linf Belluaires (2024)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 02 novembre 2024

Sa note : 16/20

LINE UP

-Christophe "Krys" Denhez
(chant)

-Dorian Lairson
(guitare)

-Jean Lassalle
(claviers)

-Julien "Jiu" Gebenholtz
(basse)

-Rémi Serafino
(batterie)

A participé à l'enregistrement :

-Adrian Lordan
(accordéon sur "La danse des crânes")

TRACKLIST

1) Le désespoir du prophète
2) Tribunal de l'âme
3) La danse des crânes
4) Missive
5) Le royaume du vide
6) Ultime projection
7) Valetaille
8) Feu pâle

DISCOGRAPHIE

Belluaires (2024)

Ecr.Linf - Belluaires

(2024) - black metal - Label : My Kingdom Music

Je ne dors plus, je ne mange plus. Cela fait un mois que je passe en boucle Yvette Horner et consorts. Le petit cabanon pas plus grand qu’un mouchoir de poche, le petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles… Et je guette. À quel moment Jean-Marc Thibault va-t-il hurler « In the shadow of the horns! Only seen by the kings! » ? La fièvre me gagne. Dois-je me résoudre à manier le ouija pour échanger avec ma défunte grand-mère ? « Mamy, Aimable est-il un précurseur du black metal ? » Ecr.Linf… vous avez pourri ma vie !

Parce que bon… L’accordéon de Windir, Grima et compagnie, ça me dépayse. Mais l’accordéon musette - musette, merde ! - à la fin de "La danse des crânes" ça me replonge presque dans l’utérus maternel, en tout cas dans ma petite enfance. Cette dernière n’a rien de traumatisante, mais les images de meubles rococo, de Soizic Corne, de Michel Drucker et de vieilles DS qu’elle suscite en moi sont absolument incompatibles avec le black metal… C’est donc avec l’aide d’un psychanalyste, et, en conséquence, avec quelques zéros en moins sur mon compte en banque, que j’ai pu commencer à m'intéresser à Ecr.Linf, formation française et francophone, certes, mais dont la minute et trente-neuf secondes de bal musette ne saurait résumer la première œuvre. Étiqueté black-metal, Ecr.Linf se situe à la périphérie de ce genre musical. Au programme, une rythmique épaisse et puissante, plus un certain nombre d’éléments symphoniques peu envahissants mais bienvenus.
La performance de Krys, chanteur au timbre plus proche de celui d’un vocaliste metal classique énervé - du Daniel Puzio enragé sous stéroïde - que des cris de chouette violentée habituels est également remarquable. Mais l'atout majeur du groupe, ce sont ces accès de rage qui lui confèrent une puissance et une vigueur peu communes. Belluaires connaît un départ canon avec trois excellents titres, justes dans leur exécution, impeccables dans leur composition et simples à appréhender. Le lyrisme y côtoie la violence et l’apaisement, la colère. Outre le passage à l’accordéon décrit plus haut, on retiendra l’excellence d'un "Tribunal de l’âme" époustouflant, forgé dans l’acier trempé. Les deux titres suivants montrent le groupe sous un jour un poil moins enthousiasmant. Malgré quelques beaux passages cristallins et un chant de qualité constante, "Missive", plus statique, peine à me convaincre, tandis que la brutalité de "Le royaume du vide" me semble un peu trop confuse. Heureusement, Ecr.Linf nous offre une fin d’album de très haut vol. Pour sortir des riffs aussi énervés, "Valetaille" a forcément été composé dans un moment de forte fièvre. Ce titre final est l’une des plus belles réussites d’un premier album extrêmement prometteur.

Si c’est ça, Ecr.Linf, Ecr.Lsup, ça doit être quelque chose ! Ha ha ha… Vous l'avez comprise ? Inf-inférieur, Sup-supérieur... très drôle, non ? Interrompons notre séquence « boomer en action » et répétons-le : Belluaires est un excellent album de metal extrême français, racé, puissant et lisible, non produit avec un mange disque. Jean-Marc Thibault, si vous nous entendez de là-haut, vous pouvez être fiers de vos petits gars, ils ont su faire fructifier votre héritage !