Chronique : Obsidian Mantra As We All Will (2024)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 30 septembre 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-Kacper Kajzderski
(chant+basse)

-Mateusz Witan
(guitare)

-Mateusz Wróbel
(batterie)

TRACKLIST

1) What Is Not, Is Not
2) Cult of Depression
3) Slave Without a Master
4) Who Will Become a Murderer
5) Condemned to Oppression
6) Chaos Will Consume Us All
7) Sowers of Discord
8) Weavers of Misery

DISCOGRAPHIE

As We All Will (2024)

Obsidian Mantra - As We All Will

(2024) - death metal brutal death groovy - Label : Via Nocturna

La Pologne, ça tombe dur, ça on le sait. Et la Pologne du death metal sait générer des cadors : Vader pour le plus ancien, Decapitated pour ceux qui ont le plus marqué les esprits de la scène. Obsidian Mantra veut se montrer digne de l’aînesse. Et donc se fend d’un album qui se voudra incisif, groovy et méchant. Mission accomplie ?

Déjà votre sang n’a fait qu’un tour à la lecture des mots-clés : incisif, groovy et méchant. Ne serait-on pas sur un rejeton terrible des susnommés Decapitated ? L’écoute prolongée de As We All Will le confirme sans ambages. Si l’esprit l’espérait, le passage entre les cages à miel le confirme. Oui nous avons à faire à du costaud et digne héritier. Car cette offrande étale sa science des rythmes, origine distincte du groove fil conducteur de cette épopée sans temps mort, et des riffs assassins dans la plus grande tradition du death metal. Et si l’obédience la plus évidente se résume au groove sauvage asséné avec maestria, la tendance brutale n’est jamais bien éloignée. En sont témoins les nombreux blasts qui parsèment la galette. Ou le chant violemment écorché vif. Alors oui, la légère brume initiale se lève sans hésitation pour lever le voile sur un élève doué qui pour son troisième album atteint manifestement une maturité de fort aloi.
La maîtrise suinte de toute part au fil de compositions qui ne savent pas ce que faiblir signifie. Les changements de rythme, les potentielles syncopes tout autant que les menues dissonances tracent une route impeccable vers un succès qu’on espère total pour notre plus grand plaisir. Allant même à se frotter aux rythmiques extrêmes déployées par un Meshuggah (sans en atteindre l’exigence absolue), coucou "Who Will Become a Murderer", Obsidian Mantra plaque ses auditeurs dans un tourbillon quasi apocalyptique qui vous tiendra en haleine jusqu’au bout. Une vraie bonne sortie de death metal qui sait se faire punitif à l’occasion. Tout en apportant sa touche distincte malgré les appels répétés à la référence compatriote du style. Car c’est ici que réside le secret de la réussite de cette sortie dans les oreilles blasées des extrêmeux en quête de violence intelligente.
Le déroulé du film acquiert une clarté puissante. Et c’est avec impatience que nous attendons les pistes suivantes qui ne manqueront pas de s’enchaîner. Subtilité dans le maniement de ses armes alliée à la dévastation du champ sonore des chansons qui s’échinent à balancer riff jouissif sur riff jouissif. Le plus gros défaut de cet étalage devient alors sa durée, contenue à trente petites minutes qu’on aurait souhaité devenir quarante par l’entremise de plages supplémentaires qui assurément auraient prolongé le plaisir. Mais ainsi n’en a pas décidé le trio qui se contente de fournir un album dès lors concis et dénué de temps morts ou faibles, et trouve même le temps de se frotter à d’autre émérites collègues, Kriegsmaschine sur la dernière "Weavers of Misery". C’est probablement la contrepartie du contrat proposé, « on va vous en foutre ras la gueule niveau qualité mais vous n’aurez que le strict nécessaire ». Alors soit, on prend ce qui se présente à nous, cela suffira à nous combler.

Superbe sortie que voilà, jusque dans sa pochette originale, dans un paysage death qui manquait de ce style plus groovy. As We All Will va marquer l’année de sa prestance et donne à espérer un successeur qui se permettra de maintenir le niveau tout en donnant plus d’os à ronger, car c’est bien de ça dont nous nous plaindrons le plus, le temps trop rapide.