Chronique : Rope Sect Estrangement (2024)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 22 juin 2024

Sa note : 15/20

LINE UP

-Inmesher
(chant+guitare)

-Gaarentwynder
(guitare)

-Harbinger
(basse)

-Redeemer
(batterie)

A participé à l'enregistrement :

-Thomas Jefferson "King Dude" Cowgill
(chant sur 8)

TRACKLIST

1) Revel in Disguise
2) Cesspool of Vice
3) Nefelibatas
4) L'Appel du Vide
5) Mementote
6) Massenmensch
7) Hindsight Bias
8) Rope of the Mundane Love

DISCOGRAPHIE

The Great Flood (2020)
Estrangement (2024)

Rope Sect - Estrangement

(2024) - gothique - Label : Iron Bonehead records

- Et une pelote de laine ?
- Non.
- De la cordelette ?
- Non plus…
- Du fil de fer? C’est bien le fil de fer ! Et ça fait dark !
- Non ! Nous sommes la secte de la Corde. C.O.R.D.E. Et si tu continues, je vais demander aux adeptes qu’ils viennent faire deux ou trois nœuds autour de ta gorge…

Rope Sect, c’est une formule. Assez originale mais que je pressens inamovible. Alors n’allez pas les asticoter avec des suggestions d’évolution inappropriées, ça les énerve. Leur feuille de route est bien tracée et ils la suivent, à la queue leu leu, solidement attachés les uns aux autres. Un artwork toujours impeccable, du post-punk à la rythmique solide pour le genre pratiqué, de belles mélodies douces-amères, et le chant désabusé d’Inmesher, véritable gant de soie effleurant notre système auditif. Et puis voilà. Du metal ? Non. De la fanfreluche ? Hors de question ! Rope Sect combine les éléments décrits ci-dessus, point. Après un The Great Flood captivant, les Allemands sortent Estrangement. Et ça marche encore, même si mes premières écoutes m’ont fait douter, car je cherchais en vain des équivalents sonores des brûlots que sont "Rope of the Just" ou "Prison of You" dans cette dernière sortie. Or, et même si Rope Sect blaste un chouia sur deux titres -pas d’imitation de Cryptopsy à l’horizon cependant - la tendance globale est à l’apaisement. Il m’a fallu quelques écoutes supplémentaires pour enfin pénétrer dans l’univers d’Estrangement, où la qualité globale des mélodies désenchantées prévaut largement sur l’agressivité.
Il faut attendre le quatrième titre, "L’Appel du Vide", pour que les pulsations cardiaques montent. Avant cela, Rope Sect nous caresse, sans violence, mais avec beaucoup de doigté. C’est très plaisant, la guitare lead de "Crespool Of Vice" fait un travail remarquable. "Nefelibatas", son rythme plutôt enlevé et sa structure pas si simpliste, choisit également la voie de la non-violence. Seulement voilà, on ne se refait pas… On est un abruti de metalleux bas du front, ou on ne l’est pas… C’est quand Rope Sect se montre plus rentre-dedans que je frétille. La séquence "L’Appel du Vide", donc, et "Mementote", le titre le plus catchy, me paraît réellement brillante. Sur ce dernier titre, la guitare lead se montre là encore très à son aise, mais, en plus, la section rythmique me fait le plaisir de moins se retenir. Et puis le batcavissime "Rope of the Mundane Love" et son départ à la basse vraiment impeccable me fait également frémir. Peut-on dire que, ces trois titres mis à part, je m’ennuie ? Non. Ce serait faire injure à la qualité des compos. À ce titre, Estrangement se montre même plus constant que The Great Flood, qui présentait quelques titres moins bons. Là, pas de doute, c’est qualité allemande 100% fiable. Robuste, fait pour durer. Mais, si les gars avaient serré un peu plus fort autour de mon cou, je n’aurais pas dit non…

Constitué de compositions formellement impeccables, Estrangement s’avère plus languide que son prédécesseur. Est-ce un bien ou un mal dans un style où la brutalité ne prime pas ? À chacun de se prononcer. Personnellement, j’apprécie grandement ce beau travail - et puis ce chant… ce chant ! Pour mes envies de violence sonore, j'irai chercher autre part.