Chronique : Maudits Précipice (2024)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 17 mai 2024

Sa note : 15/20

LINE UP

-O
(guitare)

-C
(guitare)

-E
(basse+boule tibétaine)

-F. Gervais
(batterie)

-R. Verguin
(violoncelle)

-E. Rousseau
(mellotron+minimoog+claviers)

A participé à l'enregistrement :

-N. Zivkovich
(piano)

TRACKLIST

1) Précipice Part.I
2) Seizure
3) Pretium Doloris
4) Séquelles
5) Précipice Part.II
6) Lights End
7) Vielä Siellä
8) Ghost Track

DISCOGRAPHIE

Précipice (2024)

Maudits - Précipice

(2024) - post rock metal prog instrumental - Label : Source Atone Records

C’est marrant voyez-vous, lorsque j’approchai pour la première fois le promo de Maudits, dès les premières secondes, et sachant qu’ils sont français, j’ai immédiatement opéré le rapprochement avec Saar. Musicalement ça colle tellement. Puis renseignements pris, il se trouve qu’ils ont fait un split avec lesdits Saar. Boucle, bouclée, bouclons.

Alors, simple clone de Saar, hop, chronique suivante s’il vous plaît ! Fort heureusement les choses sont moins simples. Tout d’abord si dans l’analyse de Saar Indukti avait été cité sans en faire des tonnes, ici les Polonais vont être plus férocement appelés. Toujours instrumental, toujours progressif, toujours atmosphérique, le metal de nos amis se rapproche immanquablement des aînés orientaux par l’entremise du violon distillé de-ci de-là. Évidemment comparaison peut dire influence, mais influence ne veut pas dire copie infatigablement. Ce n’est pas le cas ici car Précipice possède son individualité, ses particularismes. Tout d’abord, l’on pourrait le classer entre les deux albums de nos amis déjà trop cités, S.U.S.A.R. et Idmen. Possédant la production plus sage du premier mêlée à des compositions approchant l’agressivité du deuxième.
Surtout les Français ne s’en laissent pas compter en n’hésitant pas à déflorer leurs propres errances musicales, tendance post (rock ou metal, à votre libre choix). La caractéristique instrumentale les oblige. À être expressifs au travers leurs instruments, au travers leurs chansons qui se doivent d’évoquer et parler par elles-mêmes. Ce qu’elles font avec brio, car chacune semble conter son histoire par l’entremise de couches intriquées dont la… progression coule de source. Le violoncelle appelé à de nombreuses reprises tisse un voile de mélancolie pudique et totalement pertinent. L’expression. Elle se trouve plantée là dans nos oreilles, promptes à capter le message et informer le cerveau qu’effectivement histoire nous est contée. Une histoire que le groupe n’a pas hésité à conter dans un opéra, celui de Reims, ambition. Une histoire d’une quête nostalgique à travers les âges probablement, c’est en tout cas ce que j’en tire (cinématographique selon les dires du groupe).
Cette histoire filée par les longs morceaux du groupe, comptez aisément de dix à quinze minutes à trois reprises, parvient à nous happer, gageure dans un exercice de style qui ne permet pas l’erreur. Et donc tout comme ses collègues de Saar, Maudits crée son monde, parfois virevoltant instrumentalement, très souvent évocateur, et nous attire dans ses bras. À ce sujet, la présence d’une basse ronde, chaude et subtilement découpée s’avère un élément moteur dans la constitution de ce magnifique rendu. À la décharge des autres instruments, elle est à leur diapason, portés qu’ils sont par une maîtrise technique hautement satisfaisante sans jamais déborder de leur de pourvoyeurs de musique. Ainsi nous sommes constamment à l’abri des tirs de barrage de la démonstration stérile. Ici tout converge vers la création artistique.

Dans un style ardu, Précipice rend une superbe copie. Difficile à aborder et carrément parfois à clairement définir, la musique de Maudits capte l’attention, une belle performance en soi. Si vous êtes enclins à ce type d’effort, allez-y vous ne devriez pas le regretter. On parle néanmoins de quasi une heure à absorber et digérer, prenez donc votre temps.