CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 26 avril 2024
Sa note :
15/20
LINE UP
-James Spar
(chant)
-Maxime "LePrince" Beiler
(guitare)
-Quentin "Marbas" Machez
(guitare)
-A.S.A
(basse)
-Alexandre Josien
(batterie)
A participé à l'enregistrement :
-Dimitri "Nebiros" Gillard
(guitare)
TRACKLIST
1) Homopresence
2) Toxikon
3) Transhumanization
4) Primaveal Pantheons
5) Reminiscence Quintessence
DISCOGRAPHIE
Des Lillois nouveaux venus, Alkhemia vient gonfler les rangs du metal noir hexagonal. Cette scène foisonnante et brillante vue de l’étranger n’a plus besoin de se présenter à la face du monde, mais ne crache pas contre du nouveau carburant pour constamment relancer la machine. C’est donc Abraxas (un lien avec Santana ?) qui s’y colle cette fois.
Dès le départ, c’est le genre de rencontre dont on sait qu’elle va aboutir à quelque chose. Elle a croisé mes yeux, cela signifie-t-il quoique ce soit ? Cette flamme mystérieuse au fond de son iris, sa chevelure mystérieuse. Oui, la première étincelle. Remplacez les attributs humains par le son. Il suffit d’entendre dix secondes des guitares de Abraxas pour savoir. Flash. Si t’aimes pas ça de suite, tu peux rentrer chez toi. Je vous remercie de l’efficacité. Pour ceux qui ont donc tenu ces fameuses décades secondaires initiales, voilà, vous êtes dans le fauteuil. Chaud, moelleux sans être trop lâche. Vous n’y incrusterez pas la forme de votre auguste cul, mais vous êtes bien. Le grain, la tessiture, la froideur, tout est là dans ces guitares. Comme un album de black norvégien des années quatre-vingt-dix. Remisez la modernité au placard svp, elle n’a droit de cité.
Ne jetez point l'album dans le passéisme idiot pour autant. Car si la nostalgie transpire de tous les pores des chansons d’Alkhemia, l’exécution et la composition présentent suffisamment de savoir-faire pour s’espérer dans un monde contemporain. Les blasts s’abattent avec rigueur et constance tandis que défilent les riffs simples et violacés des morsures de la neige du nord. Le chant, assuré par le maître de cérémonie en personne, se veut respectueux de tous les canons du genre, misant sur un raclage de bon aloi sans délaisser les modulations modérées dans l’intensité et l’appel au growl. La basse respecte elle-même les fondamentaux, elle est inaudible. Avec des titres oscillant entre cinq et onze minutes, l’album ne mise pas uniquement sur l’efficacité mais bien aussi sur les atmosphères. Pour preuve le mid tempo impeccable de "Primaveal Pantheons" ou les apparitions fines des claviers (évidemment en nappes éthérées). Et les mélodies. Il suffit d’entendre celles qui parsèment "Transhumanization" pour se convaincre que nous fréquentons du black metal mélodique fier et altier.
Ne dédaignant pas une pointe de heavy un poil épique, Alkhemia abreuve ses auditeurs de titres dénués de prétention mais non sans ambition. Ambition d’évoquer les paysages glacés ultra nordiques, ambition d’apaiser les âmes noires en mal de pureté, ambition d’appliquer une recette mille fois usée sans sonner comme une redite. Ambition de la beauté des mélodies. Car s’il fallait noter un exploit particulier d’Abraxas c’est bien sa capacité étonnante à rappeler des dizaines d’albums de black norvégien sans pour autant se fixer précisément sur un seul d’entre eux. En mixant les influences, en variant les sources, les Nordistes se permettent le paradoxe de ne posséder aucune originalité en tout personnalité. Comprenne qui pourra.
Tout ceci à un coût : seul l’amateur de black metal aimera un tel disque. Le pire, c’est qu’on ne ressent aucun manque (allez si, tout cela est trop accessible). Sacrés débuts et belle addition au palmarès français.