CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Candace Kucsulain
(chant)
-Chris Rawson
(guitare)
-Mike Hasty
(guitare)
-Aaron Ruby
(basse)
-Dustin Schoenhofer
(batterie)
TRACKLIST
1)Ember Drive
2)My Last Stand
3)Not Saving Me
4)House of the Rising Sun (Animals cover)
5)Addicted
DISCOGRAPHIE
(2008) -
folk
Projet acoustique mélancolique - Label :
SPV
Redemption est un de ces projets dont la démarche artistique ne laissera pas indifférent, du moins circonspect. En effet, pour peu qu’il connaisse un peu Walls Of Jericho et leur propension à proposer une musique agressive et très directe (un metalcore technique plutôt bien fichu, mais pas foncièrement original, comme sur leur dernier opus, With Devils Amongst Us All), l’auditeur sera certainement très surpris de la teneur musicale de cet EP à paraître en ce beau printemps.
Walls Of Jericho nous propose, avec Redemption, un condensé de vingt minutes sans aucune saturation ni hurlement : ce projet acoustique, monté par le groupe et chapeauté par Corey Taylor – qui effectue ici un travail de production dont rien ne dépasse – trouve ses racines dans les quelques rares morceaux purement acoustiques écrits par la tatouée Candace Kucsulain et sa bande, en particulier "Not Saving Me", power-ballade déjà présente sur le dernier album du groupe, qui trouve sur Redemption une place centrale qui lui sied beaucoup mieux. Autant on connaît bien la voix hurlée de Candace, boule de nerfs difficilement contrôlable en concert, autant sa voix claire nous paraît beaucoup moins familière. Ce qui choque de prime abord, c’est la mélancolie qui suinte sur chaque morceau, mélancolie qui trouve sa source dans la voix claire, plaintive, puissante et très particulière de Candace, que l’on a que très rarement le privilège d’observer dans sa forme la plus pure.
Si d’ordinaire, la violence vocale et musicale du groupe sert de catalyseur à émotions, ici, les arrangements musicaux, bien que délicats et fouillés (les arpèges de guitare sur "My Last Stand" et "Addicted", les nappes de claviers et de violons très discrètes qui parsèment "Ember Drive") sont réduits à leur plus simple expression pour mieux centrer l’attention sur la performance de Candace, surprenante à plus d’un titre (les lignes de chant épurées de "My Last Stand") et qui se révèle véritablement comme l’élément central du groupe. À vrai dire, sans son charisme et sa présence vocale, Walls Of Jericho ne serait qu'un groupe de metalcore parmi la centaine qui tente de survivre, il faut l’avouer.
La prise de risque - calculée, en témoigne la reprise du célèbre "House of the Rising Sun" des Animals, assez anecdotique - paraît être le premier moteur de cette offrande à part dans la discographie des Américains ; mais de par la participation de Corey Taylor, dont on sait désormais qu’il affectionne tout particulièrement ce genre de projets (surtout au sein de Stone Sour), il s’agirait plutôt d’aller élargir les horizons d’un groupe qui, bien malgré lui, s’est empêtré dans un style aujourd’hui englué jusqu’au cou. L'intérêt principal de cet EP ne réside pas dans les quatre morceaux originaux proposés ici, assez moyens et passe-partout (on ne sent pas le groupe à l'aise dans ses baskets) mais dans l'unique performance vocale de Candace Kucsulain.
Ainsi, le menu de cet EP est assez maigre; alors, simple coup marketing ou démarche artistique sincère ? Au-delà de cette simple constatation, il s’agit plutôt de vous dire que si vous n’aimez pas les power-ballades mélancoliques, que si vous avez trouvé "Not Saving Me" chiante comme la pluie, n’espérez alors pas apprécier cette sortie, assez confidentielle (Redemption ne sera publié qu'en téléchargement) bien que parfaitement exécutée.