CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 02 mars 2024
Sa note :
17/20
LINE UP
-Allie X
(chant+programmation)
A participé à l'enregistrement :
-George Pimentel
(guitare)
TRACKLIST
1) Weird World
2) Girl With No Face
3) Off With Her Tits
4) John and Jonathan
5) Galina
6) Hardware Software
7) Black Eye
8) You Slept On Me
9) Saddest Smile
10) Staying Power
11) Truly Dreams
DISCOGRAPHIE
Mardi 27 février 21:46 sur le Discord des Eternels :
« Winter : J’ai lancé l’album. Sa voix me fait penser à quelqu’un… Martina Topley Bird ? Alisson Goldrapp ? Je ne saurais dire…
MFF : Sa voix dans les mediums me fait penser à celle de Sophie Ellis Bextor sur certaines chansons. Et un petit côté Dua Lipa, aussi.
Daphne : Crystal Castles aussi non ?
Shamash : Au début de "Black Eye", elle a des intonations de PJ Harvey… »
…
Girl With No Face ou Girl With A Thousand Voices ?
« Caméléon » aurait dit Boy George. D’ailleurs, il n’y a pas que sur la voix qu’Allie X cristallise, consciemment ou non, des influences. Musicalement, on reconnaîtra une quantité significative de références musicales des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Le départ de l’excellentissime "Off With Her Tits" calqué sur "Don't go" de Yazoo. L’entrée en matière 100% Alphaville du non moins excellent "Black Eye". L’esprit absolument Madonna (ou Lady Gaga, vu que c’est kif-kif) de "Galina". Sur ce dernier titre, même les paroles font penser à ce que pouvait écrire la reine péroxydée de la pop des eighties. Hors XXème siècle, le beat "Staying Power" fait furieusement penser au cultissime "Pain" de Boy Harsher. L’artiste cite d’ailleurs moult artistes dans ses influences. Comme, en plus, le titre d’album est ce qu’il est, il est facile de franchir le pas et de voir en Girl With No Face une accumulation sans saveur de bouts de trucs piqués à gauche à droite, chantés par une fille avec de la poitrine mais sans personnalité. Ce serait commettre une grosse erreur de jugement. Non seulement le mélange concocté par Allie X pour son troisième album s’avère très digeste - et dansant punaise, qu’est-ce que ces beats font bouger ! - mais encore l’ensemble est doté d’une personnalité musicale très intéressante.
Nous nous situons ici à la frontière entre la pop « classique » et du synthpop-electro un tantinet dark. Après quelques notes de synthé très, très eighies, l’entame de l’album s’avère assez comparable à ce que l’artiste canadienne a pu produire auparavant. Avec le titre éponyme, cependant, Allie montre un visage - le comble pour une fille sans visage, je sais… - plus sombre. Les mélodies s’y font un brin inquiétantes et cette atmosphère gentiment goth est reprise sur "John and Jonathan" et "Staying Power", qui lorgnent sur la darkwave. Belle ballade ayant le mérite de rester sobre et belle, "Saddest Smile" ne respire pas non plus le bonheur. Les deux chefs d’œuvre et odes au beat que constituent "Off With Her Tits" et "Black Eye" s’élèvent, quant à eux, au-dessus du combat entre lumière et obscurité que constitue l’album, mettant parfaitement en valeur la superbe plasticité vocale d’Allie le caméléon. À vrai dire, sur l’ensemble des titres proposés, seuls le final orientalisant "Truly Dreams" et "Hardware Software", au son rivalisant avec ce qui pouvait sortir des ZX Spectrum de ma jeunesse, peu en accord avec la thématique sensuelle abordée, peuvent être qualifiés de fillers. Tout le reste de l’œuvre est à écouter sans modération.
Allie X n’est pas née de la dernière pluie et ça se sent. Girl With No Face est une magnifique vision pessimiste, danceable et actualisée des mélodies acidulées de la pop electro du siècle dernier. Son nouvel album saura séduire le fan des dancefloors étouffants qui sommeille en vous.