Chronique : Malokarpatan Vertumnus Caesar (2023)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 07 janvier 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-Vladimír Moravčík
(chant)

-Adam Sičák
(guitare+claviers)

-Peter Szentpéteri
(basse)

-Axel Johansson
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-Tomáš "Necrocock" Kohout
(chant sur 7)

-Svarthen
(chœurs)

-David Olofsson
(guitare sur 2 et 3)

-Ginevra "The Sorceress" De Giusti
(flûte)

-Zdeněk Šikýř
(clavecin+claviers sur 2)

-The Templar
(claviers sur 5 et 6)

-Björn Johansson
(claviers sur 8)

-Honza "Silenthell" Přibyl
(timbales sur 3 et 7)

TRACKLIST

1) Na okraji priepaste otevíra sa hviezdny zámek
2) Kočár postupuje temnomodrými dálavami na juhozápad
3) Vertumnus Caesar
4) Vovnútri chlácholivého útočišta kunstkamru
5) Panstvo salamandrov jest v kavernách zeme
6) Maharal a Golem
7) Mnohoraké útrapy milostpána Kelleyho
8) I hle, tak zachádza imperiálna hviezda

DISCOGRAPHIE

Vertumnus Caesar (2023)

Malokarpatan - Vertumnus Caesar

(2023) - heavy metal black metal - Label : Invictus Productions

Sur Antenne 2, le journal TV de 13h présenté par Hervé Claude vient de se terminer. Au tour du speaker d’annoncer le programme de l’après-midi. « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, dans quelques instants, vous pourrez regarder un nouvel épisode des Cinq dernières minutes. Aujourd’hui, le commissaire Bourrel va enquêter dans le milieu des jeunes gens branchés hard-rock… »
-Ça va ? Tu as l’air absent…
-Ce n’est rien, juste une petite bouffée de souvenirs…

Aux toutes premières notes de l’intro de Vertumnus Caesar, je me suis retrouvé plongé à la fin des années soixante-dix, ou au tout début des années quatre-vingt. Ce clavier vintage et cette mélodie du même acabit m’a immédiatement évoqué les génériques d’une foultitude de séries et films de l’époque. Et croyez-moi, ce n’est pas un accident, tant les Slovaques de Malokarpatan puisent une grande partie de leur inspiration dans la musique kitsch et les riffs heavy metal estampillés NWOBHM. Une grande partie mais pas l’intégralité. Tels des Hail Spirit Noir d’Europe Centrale, nos artistes complètent l’éventail de leur possibilité avec des sons plus black metal. Et de ce côté-là, toute personne ayant goûté aux charmes de The Jilemnice Occultist reconnaîtra un chant et des envolées similaires à celles que les voisins tchèques de Master’s Hammer ont magistralement composés pour leur deuxième album, il y a maintenant une trentaine d’années (Necrocock et Silenthell figurent d'ailleurs parmi les guests).
Les titres de Vertumnus Caesar peuvent se diviser en deux camps : ceux à tendance black metal, et ceux à tendance heavy, mais l’intégration de ces deux courants est pourtant réelle et l’on ne peut parler de cloisonnement. Et, surtout ne me demandez pas de choisir entre un camp et l’autre : l’ensemble des compositions s’avère particulièrement goûtues. Que Malokarpatan invoque le tremolo et la rythmique agressive de Master’s Hammer ou le savoir-faire riffesque de Mercyful Fate et consorts, la qualité est là et l’ensemble des titres nous permet non seulement de remonter dans le temps, mais également d’apprécier la richesse des compositions de ce quatrième opus. On relèvera une seule grosse maladresse, à savoir l’irruption prématurée du fade-out sur un "Kočár postupuje temnomodrými…" néanmoins convaincant. Pour le reste, ce blackened heavy metal s’avère riche en leads savoureux, qu’ils soient le fruit des guitares ou de claviers aux sonorités variées, et en ambiance d’époque (le début de "Maharal a Golem" sent délicieusement bon le film d’horreur culte et vintage). Parmi les multiples temps forts de l’album, on signalera deux excellents morceaux « en deux temps ».
D’une part, le remarquable "Panstvo salamandrov…", très Hail Spirit Noir dans l’âme, où les claviers, paisibles au départ, se voient rejoindre par une section rythmique enlevée lors de la seconde moitié du titre. D’autre part, le morceau final "I hle,… ", qui commence comme du black metal grec avant de muter en black’n’roll, cowbell inclus. La facette black’n’roll est également très présente sur l’entraînant et toxique "Maharal a Golem". Une dernière mention, enfin, pour l’incroyable "Vovnútri chlácholivéo…" où l’on croirait que Saxon a viré Biff Byfford pour mettre un hurleur au micro. Bref, vous l’aurez compris : Vertumnus Caesar est tout sauf monotone. Si vous êtes fan du vieux heavy passé au noir de charbon, n’hésitez pas un instant !

L’heure où l’on criait à la révolution quand un groupe osait mélanger sonorité « actuelles » et musique « vintage » est révolu, mais il n’empêche. Au chapitre des copulations contre-nature, Malokarpatan vient d’écrire quelques brillantes lignes. Si vous avez envie de mélanger NWOBHM, black metal et les Enquêtes du commissaire Moulin, cet album est fait pour vous !