Chronique : Dunwich Tail-Tied Hearts (2020)

CHRONIQUE PAR ...

Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 29 novembre 2023

Sa note : 15/20

LINE UP

-Margarita Dunwich
(chant)

-Anton Bronikov
(guitare+claviers)

-Mark Hell
(batterie)

TRACKLIST

1) Glow
2) Through the Dense Woods
3) Solitude
4) Wooden Heart
5) Mouth of Darkness
6) Fall
7) Sanctuary
8) The Sea

DISCOGRAPHIE

Tail-Tied Hearts (2020)

Dunwich - Tail-Tied Hearts

(2020) - post rock Black Gothique - Label : Cagliari Records

À mes très estimés confrères chroniqueurs de tous bords : cela vous est déjà arrivé de faire une chronique d’un groupe un peu jeune mais prometteur, juste parce que vous ressentez au plus profond de vous-mêmes qu’il faut la faire, même si vous n’avez pas pris une claque ? Et bien, je suis exactement dans cette situation. Dunwich est imparfait dans le sens « naïf », « bleu » ou « vert », mais intrigant justement par cette naïveté qui accouche de moments d’une grâce et d’une élégance qui m’ont touché. Non, ce n’est pas parce qu’ils sont russes et que vous connaissez mon penchant pour le metal de cette contrée. C’est juste parce que mon petit cœur s’attendrit avec l’âge et la mélancolie de l’automne annonçant la morte saison. Ou alors, c’est parce que c’est bien, simplement ?

Allez, commençons par les « disclaimers » : la voix est féminine (hop, 50% d’intéressés en moins), parfois pas hyper juste (hop, 25% de moins) et elle growle (hop, 20% de moins). Voilà, on est entre nous, on va pouvoir élaborer un peu. Et au fait, elle growle bien mieux qu’elle ne chante, ça vous fait envie, hein ? Puisque tu es resté, je vais te donner mes raisons. D’abord, tu sais que j’aime le growl féminin quand il est bien fait version black, cela m’émeut, et là je suis plutôt ému et je ne sais pas pourquoi. Cela dit, l’équilibre entre le chant clair et le growl est très bien dosé, et c’est peut-être l’élément de l’album le plus mature. Cela dit aussi, le deuxième élément assez mature de l’album, c’est l’alternance des atmosphères musicales. Guitares saturées, growl, chant clair, passages aériens, portions post rock, parties dark, gothiques… C’est très riche en ambiances et diversité, et de même, vraiment bien dosé, le tout enveloppé dans un écrin plutôt triste.
Pour t’éclairer, je vais te citer les quelques influences que j’ai pu percevoir : un peu de Myrkur (t’inquiète c’est juste pour que Winter vienne jeter une oreille, un piège), un peu de Darkher mais en bien moins noir, un peu de shoegaze (light), un poilichounet de Dymna Lotva, un peu de Hail Spirit Noir (c’est flagrant sur "Mouth of Darkness" qui est par ailleurs une tuerie monumentale ou sur "Fall" également), un petit peu de The Gathering sans la voix mais avec l’ambiance. Et cela fait déjà pas mal en soi. Certes il y a encore de la naïveté de gestion des temps plus faibles – j’écris « plus faibles » car c’est une baisse de qualité, pas une absence totale – mais c’est leur premier album, il faut être indulgent un minimum, n’est-ce pas ? "Wooden Heart" est un peu plus faible par exemple, et "The Sea" aurait gagné à être raccourcie. Heureusement entre les deux il y a "Sanctuary"…

« Touchant » est vraiment le mot qui qualifie mon ressenti à l’écoute de cet album. J’éprouve de la tendresse et de l’espoir quand je me passe les pistes de Tail-Tied Hearts. Mais j’éprouve aussi de la crainte, car ce style qui tient juste sur le fil de l’émotion est le plus casse-gueule qui soit. On peut sombrer dans le pathos avec une facilité déconcertante, ou perdre la candeur qui construit la grandeur. Je ne présage rien de leur futur, mais je sais qu’ils ont les armes pour continuer à provoquer une émotion en gommant leurs imperfections. Pourtant, j’ai peur. Mais merci à eux pour cet album ingénu, inattendu et plutôt beau dans son esprit.