Chronique : Laster Andermans mijne (2023)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 20 octobre 2023

Sa note : 17/20

LINE UP

-Nicky
(chant+guitare)

-Sylwin Cornielje
(basse)

-Wessel Reijman
(batterie)

TRACKLIST

1) Andermans mijne
2) Kunstlicht
3) Poëtische waarheid
4) Wachtmuziek
5) Achterstevoren
6) Vorm alleen
7) Stegen spiegel
8) Onzichtbare muur
9) Afgelopen tijd
10) Doodgeboren

DISCOGRAPHIE

Andermans mijne (2023)

Laster - Andermans mijne

(2023) - black metal Modern Metal Avant-garde - Label : Prophecy Productions

Un drôle d’animal que voilà. C’est l’histoire d’une chronique qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Dissimulé au milieu d’une classique fournée de promos, Andermans mijne a eu l’heur de titiller mes tympans par sa… discontinuité stylistique. Et ressortir du lot par rapport au reste. Sauf que je ne l’ai point choisi. Comment se fait-ce que la présente chronique existe alors ? Un mot : dictature.

Oui ok, c’est un peu fort. C’est surtout la sympathie du gestionnaire de labels Shamash qui a de lui-même inclus cette sortie dans mes livraisons. Fort bien lui en a pris. Car cette mixture improbable de black metal et metal moderne (à défaut de terme plus approprié) renvoie aux glorieuses heures des Arcturus et autres Ved Buens Ende. Sans jamais poser une seule ligne de chant black, tout est chanté en clair, Laster s’étale sur des paysages improbables entre ciel et montagne. Le ciel éthéré d’un chant chatoyant bien que parfois déraillé, les mélodies modernes fournies par les guitares et les claviers. La montagne de riffs saturés, parfois singulièrement étranges ("Poëtische waarheid"), d’une batterie volante qui ne se refuse pas au blast et les fondations d’une basse omniprésente, volage de haute voltige, virevoltante et virtuose.
Dès lors Andermans mijne m’a capté, ou captivé. Qu’importe. Cette musique qu’on qualifiera aisément d’avant-garde bien pratiquement, mélange les références déjà évoquées dans leur modernité et leur esprit sans limite à des émanations plus burlesques comme Diablo Swing Orchestra pour l’aspect parfois fortement mis en avant de la fête foraine. Le plus étonnant dans l’affaire est la provenance du groupe : Pays-Bas. Terre austère peuplée toutefois de groupes à consonances voisines : Urfaust, Fluisteraars. On pourrait même y trouver un petit air de Mystic Forest (bonjour la référence inconnue). Un joli pot-pourri de nombreuses formations et influences qui s’éclaboussent dans un résultat inespéré tout autant qu’inattendu. Je n’ai pas l’oreille prédisposée à ce type de black metal rattaché de manière plus que ténue à son style d’origine, mais il faut souligner la qualité de la prestation servie. Prestation qui va crescendo, les quatre dernières pistes renfermant leur lot de pépites.
Chaque composition semble se faire un devoir de placer un break inattendu ou un riff improbable. Le meilleur dans l’affaire est que le tout se tient de façon plus que convaincante. L’écueil de l’idée bonne jamais développée est évité, les motifs musicaux étant repris suffisamment longtemps pour en absorber la qualité éclatante sans passer brutalement à une autre fresque déroutante subrepticement. Bien sûr il ne faut pas se lancer dans une telle proposition avec l’intention d’en attendre une déferlante noire, ce serait une impasse sonnante et trébuchante. Il faut se présenter devant l’autel l’esprit clair et dénué de préjugé, la récompense est au bout. J’ai conscience que l’aspect maniéré du chant et la tessiture limite bal-musette de l’ensemble pourra effrayer (effraiera). C’est de bonne guerre. Pour autant, persévérer dans la direction choisie par le groupe contient pour seul risque celui d’apprécier. Fortement.

Une singulière surprise. D’autant plus mise en valeur par le caractère aléatoire de la rencontre. Ce ne sera pas une découverte car voici le quatrième opus du trio, mais il donne bigrement envie d’en connaître les prédécesseurs.