Chronique : Fortid Narkissos (2023)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 13 octobre 2023

Sa note : 16/20

LINE UP

-Einar Thorberg "Eldur" Guðmundsson
(chant+guitare+claviers)

-Kári Pálsson
(basse)

-Kristján Einar Guðmundsson
(batterie)

TRACKLIST

1) Narkissos
2) Drottnari
3) Vefurinn sem ég spinn
4) Uppskera
5) Þúsund þjáninga smiður
6) Rotinn arfur
7) Illt skal með illu gjalda
8) Tímans ör
9) Við dauðans dyr

DISCOGRAPHIE

Völuspa Part III : Fall Of The Ages (2010)
9 (2015)
World Serpent (2020)
Narkissos (2023)

Fortid - Narkissos

(2023) - black metal viking - Label : Prophecy Productions

Oyez ! Oyez ! Aujourd’hui est un grand jour puisqu’il marque le retour du coup de cœur final et inattendu de 2020, j’ai nommé : Fortíð. Battant les brèches pour nous étonner avec un album extrême pourtant quasi exclusivement constellé de chant clair et doté d’un souffle épique implacable, World Serpent a réussi à trôner haut. Narkissos se voit donc affublé d’une pression considérable (au moins dans mon petit monde). À la hauteur de la beauté de Narcisse (qui n'a que peu de rapport avec l'Islande, vous en conviendrez)?

Trois ans déjà que nous nous étions quittés meilleurs amis. L’Islandais devenu Norvégien redevenu Islandais Eldur ne s’est pas départi de son amour pour sa terre natale et partage toujours autant de consonnes aux formes impossibles pour nous autres latins. Et il débute comme un album de heavy par une sympathique descente de batterie. Puis nous étonne à nouveau en balançant directement du chant black comme il n’en faisait plus. Et des blasts. Oui Narkissos est plus violent que son prédécesseur. Ce n’est pas un album brutal pour autant, cependant la transition est intéressante. Forgée de métaux plus abrasifs, cette incarnation attend la troisième rencontre pour délivrer ses premiers chants clairs sur "Vefurinn sem ég spinn", et on le reconnaît bien ce chant si typique, celui qui se faisait transporter par-delà les fjords dans World Serpent.
Narkissos assumant beaucoup plus ses accointances black metal, nécessairement s’adresse à un public un poil plus noir. Les envolées lyriques n’ont pas disparu, pourtant elles ne constituent plus le socle de l’album. Le fier viking a opéré sinon un retour aux sources, un savant mélange de ce qu’il fut et sera. Le remplissage copieux en blasts apporte une vivifiante piqûre de rappel sur ce qui rend cet exercice si démoniaquement agréable : la violence, l’emportement. Les riffs eux-mêmes se sont adaptés à cette nouvelle donne, retournant dans des territoires plus trémolesques. Bien sûr tout dépendra de vos sensibilités musicales, mais le talent pour la composition sombre de Eldur s’entiche de ce virage avec brio. D’autant qu’il n’hésite pas à insérer quelques surprises pour le moins décalées : un ou deux riffs post.
Narkissos fait donc l’effet d’une liaison. Entre un passé plus lointain et l’autre, récent. Si les premières écoutes eurent tendance à appuyer la thèse d’une légère sortie de route, les suivantes confortèrent Eldur dans ses choix pour l’amateur de black metal que je suis. Les contrées nordiques sont réputées pour la rudesse de leur climat tout autant que pour leurs groupes de metal extrême. Fortíð confirme ces deux prédispositions en proposant un mets de choix. Les fameux mets locaux. Sachez qu’il y a une certaine délectation à plonger dans la dégustation tant ce Narkissos sautille brillamment de genre en genre. Il y a bien sûr la tendance générale et indiscutable au black metal, mais ne naviguent jamais loin l’épique viking, la force heavy, se manifestant là dans un solo, là dans un riff, ici dans les claviers.

D’une déconvenue mineure Narkissos se mue en franche appréciation. Pas au niveau indécent de son prédécesseur, et dans un style différent qui le coupera peut-être de ceux qui apprécièrent World Serpent, il n’en demeure pas moins une réussite qui ornemente fièrement la discographie désormais fournie des Islandais.