Après un Neptune tout de bleu vêtu, voilà que Psygnosis nous revient avec un Mercury en couleurs chaudes. Un album forcément attendu (par les fans) après la déflagration qu’était le précédent opus. On retrouve avec plaisir les quatre membres de cette formation originale et assez unique. Place à plus d'une heure de musique instrumentale (ou presque), un voyage dont on ne revient pas vraiment indemne.
On aurait pu imaginer que le changement de planète se retrouverait dans la musique du groupe, avec un Neptune tout en froideur et un Mercury tout en chaleur. Ce n’est pas vraiment le cas : le nouvel album est dans la continuité parfaite que son prédécesseur. En tout cas, il est aussi incandescent que la plus petite planète du système solaire. Si Psygnosis se revendique de Ne Obliviscaris et Persephone (ce qui n'est pas faux), difficile de ne pas sentir le spectre d’Hypno5e derrière les rythmiques saccadées et les narrations intercalées. Ce n’est pas vraiment un défaut, car Psygnosis avec ses instrumentaux mâtinés de violoncelle a clairement développé son propre style unique. On a droit à des rythmiques plombées, des leads épiques ("Caloris Basin"), du violon tantôt mélancolique puis dérangeant, ou des passages tout en ambiance ("Sunshine"). Voire même de la narration ("Eclipse"). Tout le plaisir réside dans les petites variations de la musique lors des montées en puissance avant que tout ne s'écroule dans un chaos sans nom. Le groupe sait manier autant la mélodie que la dissonance.
Ce nouvel opus nous propose un véritable voyage. Avec seulement cinq morceaux de plus de dix minutes de moyenne, voilà un album qui se consomme comme une entité unique. Le son de Psygnosis se reconnaît sans problème, melting-pot d’émotions qui se déploie lentement mais sûrement. Tantôt posé, tantôt agressif, le groupe sait nous surprendre. Et si
Mercury ressemble à
Neptune, qu’il en est la continuité la plus évidente, il n’y a pourtant aucune impression de redite. Le rôle du violoncelle se révèle d'ailleurs assez différent. Véritable chant sur
Neptune, qu'il remplaçait, il est ici plus intégré au reste et moins mis en avant. Le groupe parvient à nous emballer sur une heure avec des instrumentaux, cela reste quand même assez remarquable. L’album nous marque à la fois par sa grande cohérence globale, malgré les changements d’atmosphère, qui donne l’impression d’écouter une histoire. En cela, cet album est très cinématographique, davantage encore que le précédent
. Le seul regret que l'on peut avoir est un "Sunshine" qui démarre par deux minutes de quasi-silence. Dommage, car le reste du morceau est plein de sensibilité.
Il était difficile de revenir après un album aussi impressionnant (et particulier) que Neptune. Psygnosis transforme l'essai avec ce Mercury dans la continuité, tout en proposant des variations dans son approche. Le groupe a trouvé une formule assez unique qui, malgré la longueur des morceaux, frappe l'auditeur dès la première écoute. Bravo à eux !