Chronique : Forest of Shadows Among the Dormant Watchers (2018)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 07 juillet 2023

Sa note : 16/20

LINE UP

-Niclas Frohagen
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TRACKLIST

1) Self Inflicted Torment
2) Drowned by Guilt
3) Lost Within
4) Dogs of Chernobyl
5) We, the Shameless
6) Lullaby
7) Yours to Devour

DISCOGRAPHIE

Among the Dormant Watchers (2018)

Forest of Shadows - Among the Dormant Watchers

(2018) - death metal doom metal gothique - Label : Inverse Records

Le champ sémantique de l’imaginaire metal est restreint mais varie assez fortement d’un sous-genre à l’autre. Du côté du gothic-doom-death (rayez les mentions inutiles), les noms de groupes comprenant les mots « rébellion », « ils nous mettent la 5G avec leurs vaccins », ou « goref**k » n’abondent pas. En revanche, « forest » et « shadow » font clairement partie du « bag of words ». Conclusion : « Forest of Shadows » pour ce type de metal-là, ça colle.

Ça colle et c’est même un peu cliché, entre nous. Qu’en est-il de la musique entendue sur Among the Dormant Watchers, dernière œuvre, à ce jour, de Niclas ? Y égrène-t-il tous les poncifs du genre, séduisant, au mieux, les doomsters les moins regardants sur l’aspect « déjà-vu » ? La réponse est non, ou « nej », comme dirait le fondateur, suédois, du projet. La troisième œuvre de Forest of Shadows se nourrit totalement au sein des grandes références du metal lourd et/ou dépressif, à l’instar des Belges de Fading Bliss sur leur très bon Journeys of Solitude, sorti également en 2018 – un hasard ? Certainement pas… #lesvaccinsetla5g... La comparaison avec le groupe liégeois est tout sauf innocente. Les deux groupes sont formés de personnes du même âge et nourries aux mêmes biberons doom. Leur manière de s’exprimer musicalement est également similaire : ils le font avec ardeur, passion même, un soupçon de gaucherie, beaucoup de romantisme et aiment prendre leur temps. Dans les deux cas, les créations des artistes baignent dans une véritable « dark tranquility » (alors que le groupe du même nom, n’est ni sombre, ni tranquille… comme par hasard…). On sent que même si certains pans de leurs œuvres s’avèrent très aérées, voire aériennes, ils mettent toute leur âme dans chaque riff, chaque coup de grosse caisse et chaque growl. Et ça, c’est bien.
« Similarité » ne veut néanmoins pas dire « identité ». Les deux groupes ne sont pas des clones. D'une part, pas de trace de chant féminin ici. D'autre part, du côté de Forest of Shadows, outre le gros doom-death des Draconian, Saturnus et consorts, c’est également vers des concitoyens de Niclas qu’il faut se tourner pour trouver les influences évidentes qui l’ont inspiré. Le chant clair et les moments calmes fleurent bon le Tiamat de Wildhoney ou A Deeper Kind of Slumber. Et, pour continuer à évoquer la Suède, certains titres contiennent des passages estampillés Katatonia époque Brave Murder Day - ou Counting Hours, si vous voulez des références plus actuelles. C’est le cas de la seconde moitié de "Dogs of Chernobyl", un titre plein et réussi, dans un album plein et réussi. On déplorera un dernier morceau un peu longuet pour ce qu’il a à raconter, malgré une belle similitude avec le funeral doom gentil de Shape of Despair, mais cet Among the Dormant Watchers vaut vraiment le voyage, avec une mention spéciale pour les deux premières chansons. L’initiale "Self Inflicted Torment", pleine d’une passion touchante, mélange parfaitement les deux facettes du groupe, celle du guerrier et celle du poète. Quant à "Drowned by Guilt", c’est un magnifique havre de paix, une paix un tantinet tourmentée, bien sûr. De la belle ouvrage.

Je m’en veux de ne pas avoir été suffisamment attentif aux sorties en 2018. Cet Among the Dormant Watchers est un cri du cœur, qui aurait figuré sans peine dans mon top de cette année-là (le premier qui dit « le rock’n’roll venait d’ouvrir ses ailes » va au coin). Mélange de gros son et de poésie candide, l’œuvre a touché le petit cœur qui saigne de bon nombre de doomsters. C’est mérité.