Chronique : Vital Spirit Still as the Night, Cold as the Wind (2022)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 11 juin 2023

Sa note : 15/20

LINE UP

-Kyle Tavares
(chant+guitare+basse)

-Israel Langlais
(batterie)

A participé à l'enregistrement :

-Chris Edward "Kakophonix" Brown
(violoncelle)

TRACKLIST

1) Blood and Smoke
2) Bad Hand
3) Dawn of Liberty
4) The Long Walk
5) Withering Fire
6) Saccharine Sky
7) White Eyes
8) Lord of the Plains

DISCOGRAPHIE

Still as the Night, Cold as the Wind (2022)

Vital Spirit - Still as the Night, Cold as the Wind

(2022) - black metal améridien - Label : Hidden Tribe

Trouble de l’esprit, torpeur de la nuit, souffle du vent… Vital Spirit se veut une proposition impermanente de ce monde. La voie confisquée aux yeux et pourtant présente dans notre âme. Descendants des tribus natives (ou tout du moins, s’en réclamant culturellement), Kyle Tavares et Israel Langlais (l’origine de son patronyme n’est pas trop compliquée à deviner pour nous autres francophones…) s’échinent à en faire subsister l’esprit. Par la grâce du black metal.

Choix étonnant que voilà. Certes le metal s’acoquine de longue date des différents folklores mondiaux, mais encore jamais je n’avais croisé la route d'un Nord Américain natif. Ne vous attendez cependant pas à entendre les chants connus de western à la John Wayne, vous seriez déçus. Le duo se répand plutôt dans un black metal des steppes, posant son regard au lointain sur les troupeaux de bisons qui paissent langoureusement, se délectant de l’herbe rase à leur disposition en cette rigoureuse matinée hivernale bercée de la bise nordique. Et en cela, complété via l’utilisation clairsemée d’instruments sortant des canons comme le violon et la guitare à la manière toute westernienne de la country, Vital Spirit se rapproche d’un Saor, certes écossais. Car les deux groupes se complaisent dans l’évocation d’une Nature puissante et montagneuse. De l’utilisation d’un black metal mélodique agressif émerge la représentation d’un rêve longtemps caressé. L’aparté acoustique "Saccharine Sky" vous le fera puissamment ressentir.
Still as the Night, Cold as the wind porte magnifiquement son nom. Arqué sur des convictions fortes, en apparence sincères et parfaitement recevables, l’album déroute. L’amateur de black metal trouvera matière au dépaysement dans cet éloignement volontaire des canons du genre qui imposent froid glacial et haine de l’humain. Bien que fortement basé sur ce qui fait du black metal ce qu’il est, blasts, riffs rapides et agressifs, l’infusion d’éléments plus death ou thrash toujours baignés de cette aura contemplative et naturiste permet le décalage. Subtil mais palpable, il envoie dans un monde différent dans lequel il y a du plaisir à prendre. Et c’est d’une grande aide pour un album qui fondamentalement respecte le creuset de la tradition. Le chant crié et haut perché (parfois agrémenté de guttural death) met sur le fil du rasoir, en équilibre précaire. Ça marche. Surtout qu’il repose sur un son en ligne : batterie sylvestre, presque brute dans son dénuement et guitare hivernale tout autant qu’éthérée.

Sortie rafraîchissante qui propose non une mise en œuvre différente mais bien un état d’esprit inconnu jusqu’alors. Ici réside toute sa différence et son intérêt. Musicalement réservé, cet opus lâche la bride sur l’atmosphère, ce qui l’aide à faire mouche.