Chronique : Suton Sacrilegious (2023)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 17 mai 2023

Sa note : 13/20

LINE UP

-Aleksandar "Hylinn" Saradžić
(chant)

-Dalibor "Insanus" Franjkić
(guitare+basse+batterie)

TRACKLIST

1) Grandiose Anthropomorphism. Godlike Incubus
2) Celestial Consciousness. Starlight Divine.
3) Thirty Seconds. Enlightenment Ritual.
4) Cartesian Dualisme. Free Will.
5) Beyond Me. Forever Me.
6) Old Man Willow (Elephant's Memory cover)

DISCOGRAPHIE

Balkanian Narko Doom (split) (2016)
Sacrilegious (2023)

Suton - Sacrilegious

(2023) - black metal doom metal - Label : Satanath Records

Suton n’a rien à voir avec futon. Beaucoup plus avec le crépuscule puisqu’il s’agit du terme serbe pour désigner la chose. Suton vient de Bosnie-Herzégovine, origine exotique pour un groupe de black metal. D’autant plus quand le sous-genre pratiqué le rapproche de Shining (le Suédois) et surtout de Ved Buens Ende. Et il a déclenché l'ire de Winter à l'époque. Avec l'arrivée d'un instrumentiste, qu'en est-il aujourd'hui, sept ans plus tard ?

Si les premiers accords rappellent fortement ce qu’a pu produire Kvartforth du temps où il se cantonnait à un black metal suicidaire et lancinant, le reste des compositions fait bien plus penser à l’unique production d’un groupe mythique dont l’aura n’a engendré que peu de rejetons : Ved Buens Ende. Bien sûr, Suton ne dérive point autant dans les sphères jazz et dissonantes ou atonales. En plus il conserve un chant black plus présent. Il sera donc plus accessible pour le commun des mortels amateurs de ce genre extrême. Toutefois on en retrouve les caractéristiques les plus marquantes, à savoir un penchant très fort pour une musique rythmiquement inattendue, surtout dans ce style de musique. Ne vous inquiétez cependant de trop, Sacrilegious ne respire pas uniquement l’alambiqué, et surtout ne le fait pas à haute dose d’abstraction. Les Bosniens demeurent attachés à notre Terre mère.
Partez l’esprit averti lorsque vous vous précipiterez sur cette sortie. De fait, il ne s’agit pas d’un disque aisé à aborder bien que certaines thématiques reviennent et que les mélodies ne soient pas totalement absentes. Ajoutez à cela des chansons fréquentant la dizaine de minutes pour ne pas faciliter les choses. Autre particularité si vous regardez les titres des chansons, un, vous noterez une tendance marquée à la philosophie, une longueur appuyée et deux phrases collées (sauf pour le dernier titre qui est une reprise de Elephant’s Memory). Deux, et il semble bien que cela soit volontaire, leur longueur allant déclinante en avançant, provoquant un visuel de pyramide inversée. Marrant. Sorti de cette facétie, pour triturée qu’elle soit, la musique de Suton par sa forte empreinte inspirationnelle ne peut prétendre à un haut degré d’originalité. Demeure son caractère relativement unique du fait d’un sous-style fort peu répandu. Et un constat de bonnes manières puisque le duo parvient à éviter le piège de l’abscons (grand avec ce type de mélopées) en produisant un album de qualité dont l’écoute est agréable.

Pas pour tout un chacun. Voici l’avertissement affiché sur Sacrilegious. Si vous versez dans ce style de pratique musicale toutefois, la probabilité d’un kiff est immense. Difficile à pénétrer malgré tout, Sacrilegious reste un album opaque, réservé à une caste restreinte d’auditeurs.