Je ne suis un grand fan ni de thrash, ni de hardcore. Mais il faut bien avouer que lorsque l’on mixe les deux dans une avalanche de violence et de riff, cela peut titiller ma moelle épinière. C’est le cas de Kamala, un groupe brésilien qui officie depuis près de vingt ans. Karma, leur dernière production et sixième album, est là pour vous mettre une claque dans la gueule en une petite demi-heure. Prêts pour la déflagration ?
Nous nous lançons dans l’écoute de ce thrash crossover. "Forgive the Weak" démarre fort, sur les chapeaux de roues. Gros riffs, grosse voix, grosse batterie. Ça tabasse. Nous trouvons ce que nous sommes venus chercher : une musique dans la veine de
Crisix, décomplexée, et où l’originalité n’est pas le premier objectif. Tout passe par l’intention, l’envie, l’enthousiasme. Sans être génial, le morceau fonctionne sans emballer pleinement. La faute à un refrain trop répété ? Ici, les parties chant manquent un peu d’accroche là où les riffs dépotent. Mais Kamala va nous proposer une surprise à partir de la deuxième chanson en intégrant du chant clair à certaines compositions. Quelle mauvaise idée ! Ça pique. Avec une base hardcore si présente, ces passages mélodiques semblent plaqués artificiellement entre deux hurlements ("Karma", "Made Me Bleed"). Ils sont peu convaincants, le chant n’étant pas maîtrisé et son timbre ne collant pas à la musique du trio. Il n’y a bien que "Never Enough" qui nous restera en tête pour de bonnes raisons. Les autres incursions sont plus pénalisantes qu’autre chose.
Malgré tout, Kamala balance du riff et de la hargne à tout-va (sauf sur l’interlude "Dharma", passage instrumental calme et réussi). Cette énergie est communicative, même si on peine à retenir grand-chose. Le plaisir se fait par injection d’adrénaline pure. Les solos viennent apporter leur part de mélodie, même s’ils semblent trop souvent se construire sur l’usage (l’abus ?) de la pédale wah-wah. Le guitariste est sans doute un adepte de
Kirk Hammett. Au fil des neuf morceaux, on se laisse embarquer sans forcer par les Brésiliens, mais il manque un petit truc pour que cet album passe un cap supplémentaire. Trop convenu, le groupe ne parvient pas à convaincre avec ses interventions mélodiques. Il faudrait trouver autre chose, mais quoi ? Des refrains plus percutants ? L’ajout de leads à la guitare ? Le fait que le groupe n’ait qu’un guitariste limite forcément cette créativité.
Doté d’un gros son, d’un chanteur puissant et de riffs surpuissants, Kamala a beaucoup d’atouts. Sur une chanson, ça dépote grave. Sur la longueur d'un album, on peine à vraiment s’emballer, sans pour autant s’ennuyer. Voilà qui me laisse un peu perplexe quant à la conclusion : la musique du groupe a tout pour plaire à un amateur du genre, cependant je ne suis pas arrivé à être autant embarqué que je l’ai été pour d’autres sorties de la même sphère. À tenter, sait-on jamais.