CHRONIQUE PAR ...
Belzaran
Cette chronique a été mise en ligne le 22 décembre 2022
Sa note :
17/20
LINE UP
-Stefanie Mannaerts
(chant+batterie)
-Stijn Vanhoegaerden
(guitare)
-Peter Mulders
(basse)
TRACKLIST
1) Miles Away
2) Brave
3) Victoria
4) What Have We Done
5) Dust
6) Liar
7) Chainlife
8) Storm
9) Dreamlife
10) Desert Rain
DISCOGRAPHIE
Chaque année, j’ai droit à un album surprise, un skeud qui ne devrait pas me plaire, qui me sort de ma zone de confort et qui, pourtant, parvient à me happer et à se faire adorer. Pour 2022, l’élu est Unison Life de Brutus, un trio belge qui s’était déjà fait remarquer avec ses deux premiers disques mais qui passe un sacré cap désormais. Nous ne sommes pas sur une œuvre barrée, bizarre ou extrême, mais les voix féminines et moi, cela fait deux et cela fonctionne rarement. Ne connaissant pas le groupe auparavant, je me suis lancé dans son écoute naïvement, prudemment, voire même avec méfiance. Trop tard, j’étais déjà pris au piège.
La musique de Brutus peut être décrite comme post-punk, post-hardcore ou post-rock. Si vous n’aimez pas tout ce qui est « post » (et que vous êtes sans doute devenu ce que l’on appelle vulgairement un vieux con), sachez que les morceaux sont simplement rock. C’est pêchu, saturé et mélodique. La curieuse introduction ("Miles Away"), qui laisse un goût d’inachevé, n’a pas le temps de vous rebuter. Les morceaux s’enchaînent et les accroches s’amoncellent. D’abord avec des passages tantôt lumineux ("Victoria »), puis graves ("What Have We Done", véritable tube de l’album) ou même plein de grâce (le final de "Dreamlife"). Après une première écoute sympa, on est presque surpris de vouloir y revenir. Alors les chansons se dévoilent, se creusent une place dans votre crâne et n’en ressortent plus. Malgré des structures simples, Unison Life prend de la puissance avec les écoutes. Sa richesse mélodique et son émotion se dévoilent au fur et à mesure avec un furieux goût de reviens-y. Cette richesse, pour un groupe qui n’est qu’un trio, force le respect.
Le tout est porté par le chant de Stéphanie Mannaerts. Puissant, punk, il joue davantage sur l’intention que sur la justesse. J’ai été un peu rebuté au premier abord, peu fan des voix de femmes, encore plus lorsqu’elles braillent. La chanteuse/batteuse pousse son organe toujours à la limite du point de rupture. Il n’est pas rare de croire qu’elle va s’effondrer, que les cordes vocales ne tiendront pas, mais ce n’est jamais le cas. Ce chant torturé ajoute un côté écorché vif qui transmet beaucoup d’émotion dans les passages les plus violents. Sa voix donne ainsi une belle personnalité à la musique des Belges et participe au côté rugueux de Brutus. En cela, ils portent bien son nom, se refusant à être lisse. Les morceaux attaquent toujours dans le dur (on a même droit à du blast beat). Une énergie communicative, qui transmet rage et tristesse avec la même force. Jamais l’ennui ne s’installe. On ne peut que difficilement parler de chanson faible dans cet Unison Life dont les tueries composent la moitié de l’album.
Lumineux, hargneux, bourré d’émotions fortes, Unison Life est un petit bijou. Mélange de différentes influences, il est remarquable d’homogénéité. Ses mélodies vous hanteront longtemps et à chaque fois qu’il s’achèvera, vous n’aurez qu’une seule envie : le relancer encore une fois.