CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
19/20
LINE UP
-James LaBrie
(chant)
-Henning Pauly
(guitare+claviers)
-Nik Guadagnoli
(guitare+basse)
-Eddie Marvin
(batterie)
TRACKLIST
1)Above the Grass - Part 1
2)The Gene Machine
3)Spiders
4)River Out of Eden
5)Message From the Mountain
6)Your Eyes
7)La Mer
8)Nice Guys Finish First
9)Arms Races
10)Origins And Miracles
11)Off the Ground
12)Walking Through Genetic Space
13)Cultural Genetics
14)Bats
15)Above the Grass - Part 2
DISCOGRAPHIE
En voilà un side-project très alléchant et ambitieux, de surcroît! James LaBrie (Dream Theater) s'est impliqué plus que jamais dans cet album. Il en a signé, en collaboration avec Henning Pauly (Chain), la majorité des musiques. Et surtout, on sent que ce projet lui tenait à cœur. Il devait en effet participer à un ou deux titres pour le chant.. .finalement il chante durant tout l'album, ce qui n'est pas un mal, loin de là. Frameshift est à mille lieues de Dream Theater, malgré la comparaison évidente et sous-jacente par la présence de LaBrie.
En effet, Frameshift est un groupe de prog rock pur et dur, avec quelques tendances plus heavy, plus appuyées sur quelques titres. Mais voilà, Unweaving The Rainbow est un disque LU-MI-NEUX. Non content d'être subtilement bien écrit (on en reparle plus loin), ce disque risque fort de devenir un standard musical. Et oui, rien que ça... Brassant sans complexe aucun diverses influences (Yes, King Crimson, Spock's Beard...), ce petit chef d'œuvre est le fruit (et ça se ressent nettement à l'écoute) d'un travail de longue haleine et surtout d'une volonté de se faire plaisir.
Le symbole de ce disque : la voix de James LaBrie. Je pense, au risque de faire grincer quelques dents, qu'il n'a jamais aussi bien chanté jusqu'aujourd'hui qu'au sein de cette formation. C'est peut-être la musique, moins agressive, moins tape-à-l'œil (mais certainement pas moins complexe) qui le sert à merveille, la mettant sûrement plus en valeur. Il multiplie les envolées, les changements de ton et joue d'un certain lyrisme. Bref, faire abstraction d'une telle voix est impossible. Improbable. Mais il faut aussi rendre à César ce qui lui appartient: LaBrie possède une des plus belles voix du rock, c'est tout. Il sait aussi bien chanter des titres lourds, graves, que des titres plus «dansants», plus chatoyants pour l'oreille.
Bref, la démonstration est totale. Il faut dire aussi que les partitions enrobent parfaitement cette variété. Des rythmes et des sons rares (écoutez l'OST de Chrono Cross qui en est assez proche de ce point de vue) parsèment les morceaux. L'enthousiasme à l'écoute de cet album, le sentiment de pouvoir, de liberté et de joie distillé tout le long... J'ai rarement éprouvé d'aussi bons sentiments à l'écoute d'un disque. Des ballades pop, des titres épiques et plus prog, des morceaux «bœuf» ("Off The Ground"). L'ambiance est souvent légère, motivante, rassurante (l'illustration parfaite: "Nice Guys Finish First", avec son rythme emballant et sautillant)... belle comme l'envol majestueux d'un oiseau au dessus d'une mer limpide et peut être aussi plus sérieuse ("Arms Races", "The Gene Machine"). La musique joue ici son rôle de vecteur d'émotions comme jamais. Parfaitement maîtrisée, parfaitement jouée, elle est le résultat d'un mixage magnifique (les synthés, sujet tabou pour le rock, sont à la fois très présents et bien équilibrés), et profite d'un rendu proche de la perfection: il faut écouter l'épique et transcendante "Arms Races" pour s'en convaincre définitivement.
Un mot ensuite du contenu. Cet album traite d'un sujet casse-gueule: l'évolution du vivant et l'implication de cette science dans nos actes et notre destin. J'avoue avoir un faible pour ce sujet, mais il est admirablement expliqué et imbriqué au sein de chansons toutes mieux écrites les unes que les autres: la notion «d'espace génétique», de sélection naturelle, Darwin, Hawkins, la théorie du «gène égoiste», l'extension de l'univers... Le métaphorique est très présent pour mieux intégrer ces notions. De la musique qui fait réfléchir, c'est tellement rare par les temps qui courent. Mais joindre l'utile à l'agréable... Et puis l'originalité se fait tout aussi rare, alors que Frameshift en procure à foison.
En fin de compte, Unweaving The Rainbow illumine l'espace musical sur la forme et sur le fond. Splendide, recherchée, charismatique, enjôleuse, les mots ne sont pas suffisants pour décrire cet œuvre. J'assume en passant ce manque total d'objectivité mais je n'aurai qu'une chose à dire: à se procurer sans hésitation. Sans réfléchir.