18889

CHRONIQUE PAR ...

98
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022
Sa note : 15/20

LINE UP

-Guillaume Pillitteri
(chant+guitare)

-Florian Nermont
(guitare)

-Corentin Achard
(piano+batterie)

-Vincent Boyer
(basse)

TRACKLIST

1) Throne
2) Golden Dawn
3) Fragile Alpinist
4) Eternal Dance

DISCOGRAPHIE


Submariner - Before The Celestial Realm (EP)
(2022) - hardcore post rock - Label : Autoproduction



Le regard porté sur le cœur des choses et le désir d'en exalter l'intensité d'un geste, d'un mot, d'un son. La traduction de ce mouvement dans une musique d'estampille postmetal. Ou « gazecore ». Un terme plus anecdotique peut-être, mais évocateur, qui s'est un jour glissé dans la discussion, lorsque l'identité de Submariner était encore celle de Golden Crowned Flying Fox. Une route tracée entre les dimensions shoegaze et hardcore, murs du son altiers et impulsions explicites adroitement conjugués pour sublimer l'élégant maillage de légèretés atmosphériques qui se déploie au fil du périple. Une première esquisse avec Morning Jog en 2020, amplement et élégamment confortée par cette nouvelle offrande : Before The Celestial Realm.

Les personnes émues et inspirées par les formations que sont Isis, Cult of Luna, Amenra (à l'influence ici revendiquée), mais encore The Ocean ou même Mono, devraient trouver matière à satisfaire leurs vœux d'échappées oniriques au fil de cette écoute. Cette nappe sonique dresse bel et bien ces même puissants monolithes dans l'ombre desquels nous aimons nous réfugier, cependant battus par des flots inventés pour tumultueux. Pardonnez si j'emprunte avec un excès de facilité au vocabulaire aquatique, mais il est vrai que cette écoute offre la pleine sensation de toucher aux humeurs d'un océan capricieux. Nous sommes en effet assaillis par vagues, tantôt emportés par une rythmique tumultueuse, des grondements impérieux et des riffs intraitables, tantôt ramenés à la surface, laissés à l'abandon dans un instant de contemplation délicatement mélancolique.
Très vite, on se complaît dans ces transports rageurs ou à la brillance toute minérale, autant que nous nous gorgerons de cette mélancolie douloureusement acide qui nous cueille et nous emporte vers ces instants de radiance céleste, invites élégantes à se laisser véritablement flotter. Quant à la voix qui nous accompagne durant ce voyage, elle se pose ici avec la juste nuance et à l'instant propice, jamais elle ne s'impose, elle offre seulement l'inflexion attendue d'une montée en sensibilité, qui dans ses grondements impérieux, qui dans ses murmures doucement désenchantés, qui élevée dans une clameur empreinte de frénésie. Enfin, le verbe, morceau de poésie introspective qui serpente entre les pierres du mysticisme, n'offre que plus d'émotion à cet ensemble qui respire le paradoxe entre une forme d’urgence désespérée et une contemplation solitaire, détachée, aboutie.


Before the Celestial Realm est composition éloquente, respirant une fièvre adroitement maîtrisée, enchâssée de troublante mélancolie. Cet EP respire surtout l'implication que ces musiciens lui ont portée. Un ouvrage de belle qualité qui laisse espérer des suites à l'avenant. C'est en tout cas tout le mal que je souhaite à ses auteurs.






©Les Eternels / Totoro mange des enfants corporation - 2012 - Tous droits réservés
Trefoil polaroid droit 1 polaroid milieu 1 polaroid gauche 1