CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Javier Ortiz
(chant+guitare)
-Nicolas Young
(guitare)
-Vicente Pereira
(basse)
-Rodrigo Poblete
(batterie)
TRACKLIST
1) RSV - Fools Coincidence - Testigo
2) The Trap
3) Extraviado
4) Equilibrio fatal
5) So It Goes
DISCOGRAPHIE
L’underground est ainsi fait que des milliers de sorties voient le jour mais peu ont la chance de connaître le succès. Voire pour certaines d’être entendues au-delà du cercle des amis. Est-ce à dire que ce serait justifié par la qualité médiocre de ces œuvres ?
Demoniac vous prouvera le contraire. Créée en 2011 au Chili, cette formation présente avec So It Goes son deuxième album, après un Intemperance passé inaperçu. Et dire que ce second effort a failli connaître la même trajectoire…Le quartet l’a sorti en octobre 2020 chez Dissonant Death Records, avant qu’un label Norvégien, Edged Circle Productions, ne décide de le promouvoir comme il se doit. Et il faut bien reconnaitre que la bête le méritait. Rapidement les critiques laudatives vont pleuvoir et pousser de plus en plus d’amateurs, dont votre serviteur, à s’intéresser au cas Demoniac. Quel plaisir de découvrir ce disque qui marquera durablement les fans de thrash. Le quatuor a en effet comme prétention d’élaborer des morceaux puissants et complexes. Dès les premiers instants de "RSV - Fools Coincidence - Testigo", vous serez pris à la gorge par la rage peu commune des Sud-Américains, qui, avec leur riff enlevé et cru, attirent l’attention. Un thrash bien violent qui évoquera quelque peu la scène allemande des années 1980, mais aussi quelques références de son propre continent. Avant qu’une partie plus mélodique ne fasse son entrée, empêchant de sombrer dans l’ennui. L’une des forces du combo est en effet de multiplier les changements, passant allégrement de la virulence brute à de jolies mélodies, tout en alternant entre tempo échevelé et passage plus lourd.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce qui pourrait s’avérer être un patchwork maladroit, se transforme en compositions touffues mais malgré tout digestes. Les sept minutes de "RSV - Fools Coincidence - Testigo" passent facilement. Et, sans prévenir une clarinette vient s’inviter à la fête sur "Extraviado". J’en vois déjà sortir en courant, ayant du mal à concevoir que cet instrument parvienne à trouver sa place sur un album de thrash. Pourtant, il y arrive sans mal, avec sa mélodie mélancolique, soutenu par le reste de la troupe. "Equilibrio Fatal" remet les choses sur un chemin plus convenu, avec sa rythmique rapide et son refrain entêtant. Il ne s’agit cependant que d’un avant-goût de "So It Goes", qui avec ses vingt minutes a de quoi effrayer. L’on y retrouve toutes les facettes présentées par les Chiliens. Ça joue vite et fort, c’est technique, une clarinette est présente, la basse claque et le chant est agressif à souhait. Le tout est tellement varié que jamais l’on ne se laisse aller au moindre soupir. Du thrash technique et progressif ? Est-ce bien là une étiquette qui collerait au style de Demoniac ? Pourquoi pas. Une chose est certaine cependant : on tient entre les oreilles une pépite venue des bas-fonds du metal. Impossible de ne pas partager mon enthousiasme et d’ajouter quelques notes au concert de louanges mérité par les Sud-Américains.
Les fans de thrash seront sûrement déjà au fait des immenses qualités des Chiliens. Quant aux autres, je ne saurais que trop vous conseiller de vous plonger dans cette sortie, d’une richesse folle. Nul doute qu’elle sera dans de nombreuses listes des meilleures sorties de 2021. Très fort pour un disque initialement sorti en cassette en 2020 !