Le froid, une forêt brumeuse, un vent glacial, des esprits fatigués par un trop long séjour dans les abysses : cette énumération de clichés propres au metal noir est pourtant l’invitation au voyage que nous propose Forest Silence à travers l’exploration de ce Philosophy Of Winter.
Ce disque survient, après la parution de trois démos, en tant que premier LP du groupe – même si « long » n’est pas forcément le terme le plus approprié pour qualifier ces trente-cinq minutes de black atmosphérique, enfantées par le claviériste de Sear Bliss, nommé…Winter. Comme on s’y retrouve ! La pochette, très évocatrice, résume parfaitement l’ambiance de ce disque, qui tente de recréer à sa façon le résultat d’un long cheminement à travers les forêts brumeuses et glacées. "Bringer Of Storm" et "Philosophy Of Winter", qui respectivement ouvrent et clôturent l’album sont les deux piliers de ce disque homogène à la production largement réussie pour s’y croire vraiment. Hérités du dark ambiant originel, les claviers – très en avant dans un mix propre et ambiancé – parviennent à insuffler à l’ensemble une brise d’amertume et de désolation très prononcé, grâce à un tempo généralement doomisant.
Il faut cependant apposer un bémol au mélange proposé par Winter (qui assume tous les instruments sur ce disque) : si Forest Silence parvient majoritairement à atteindre sa cible – c’est-à-dire faire évader l’auditeur par le seul pouvoir de suggestion des instruments – il a tendance à tourner en rond, sans avoir l’inspiration d’un Burzum des grands jours (la comparaison est parfois édifiante, la production limpide en plus). Passées les premières minutes, très contemplatives, Philosophy Of Winter se contente d’enfiler les perles en jouant des tonalités de ses riffs, assez peu diversifiés et de ses nappes de claviers, ces dernières étant l’avantage décisif de cet album. Candlelight a déniché en Forest Silence un groupe beaucoup moins avant-gardiste que ce qu’il a l’habitude de proposer, mais l’ambiance qui se dégage de ce disque volontairement assez redondant, mais malicieusement court afin d’obtenir l’effet escompté, saura appâter l’amateur de disques dénués de tout artifice pompeux. A écouter, pour ceux que le paradoxe minimalisme/richesse attire.