Chronique : Djevel Tanker Som Rir Natten (2021)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021

Sa note : 11/20

LINE UP

-Kvitrim
(chant+basse)

-Trond Ciekals
(chant+guitare)

-Faust
(batterie)

TRACKLIST

1) Englene Som Falt Ned I Min Seng, Skal Jeg Sette Fri Med Brukne Vinger Og Torneglorier
2) Maanen Skal Vaere Mine øine, Den Skinnende Stierne Mine Ben, Og Her Skal Jeg Vandre Til Evig Tid
3) En Krone For Et øie Som Ser Alt, Tusind Torner For En Sønn Som Var Alt
4) Tanker Som Rir Natten
5) Naar Maanen Formørker Solen I En Dødelig Dans, Ber Jeg Moder Jord Opp Til En Siste Vals
6) Vinger Som Tok Oss Over En Brennende Himmel, Vinger Som Tok Oss Hjem

DISCOGRAPHIE

Besatt av Maane og Natt (2013)
Ormer til armer, maane til hode (2019)
Tanker Som Rir Natten (2021)

Djevel - Tanker Som Rir Natten

(2021) - black metal - Label : Aftermath Records

« Tu la sens bien là ? » Ainsi écrit le fan de black metal à l’orée du commencement de ce septième oraison amené à la Terre par le Diable (oui oui, Djevel en norvégien). Mais que peut donc bien sentir notre amateur de musique noire ? L’intro pardi ! Voyous lubriques que vous étiez, dites halte à la sexualisation à outrance et concentrez-vous sur l’essentiel : la musique.

Et c’est vrai qu’on la sent bien cette intro. Pour tout dire, l’écoute du nouveau Djevel était de base une source de contentement pour mes canaux auditifs suite à la satisfaction appuyée du précédent et à la présence en son seing de rien de moins que l’immense Faust, ainsi que le non moins truculent Mannevond. Sauf que Mannevond a quitté le navire désormais et voilà Kvitrim qui prend le relais au poste de chanteur/bassiste (et non baâssiste, précision importante en ces temps troublés). Le souvenir des capacités de l’ancien occupant dans son groupe de Koldbrann fait planer l’ombre d’un doute du coup. Doute sur les compositions, seront-elles au niveau de leur prédécesseur ? Pourtant c’est bien Trond Ciekals, toujours aux commandes, l’on peut espérer une continuité bienvenue. Et pour revenir à notre intro, le contentement anticipé s’est immédiatement mué en jouissance attendue. Un son de guitare au grain à crever de froideur, des accords égrainés avec la parcimonie du génie, une mise en bouche sublime.
Le grain de sable.
C’est ainsi qu’on appelle la manigance qui fait s’effondrer le château de sable. Et ce grain est gros. Car il se manifeste dès que la chanson prend le relais de l’introduction. Et les palabres musicales deviennent alors étonnamment convenues. Bardées (Faust) de mélodies, on s’abandonne évidemment à la magnificence norvégienne, sauf que l’accroc branche. Il branche sur l’inquiétude. L’inquiétude de se faire embarquer dans une demi-molle, la sensation que le tout ne décolle jamais vraiment. Les riffs qui s’activent à dépoussiérer notre cervelle semblent s’échiner dans le vide, ou à défaut, manquer leur cible avec une facilité désarçonnante. Parti le temps des vastes plaines enneigées constellées de cimes abruptes, noires de rocaille volcanique. Le constat d’un groupe en pourvoyeur de musique parfaitement composée, maîtrisée s’impose, en complément malheureux d’une vigueur perdue.

Car voilà le lieu commun dans lequel se noie Djevel : il loupe le coche dans les grandes largeurs sur ce qui fait l’essence du black metal, la sensation, la prise aux tripes. Ici, tout passe sans véritablement jamais s’accrocher. Et c’est fortement dommage.