CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11.5/20
LINE UP
-Federico Carminitana
(chant)
-Greg Mäder
(guitare)
-Tom Kuzmic
(guitare)
-Kay Brem
(basse)
-Ricky Dürst
(batterie)
TRACKLIST
1)The Separation of Life and Time
2)Blackest Hour
3)Snake Skin
4)Choke Down
5)Deathwish
6)Burn at the Stake
7)Tonight We Dine in Hell
8)Breeze of the Kings
9)Doomed Steps
10)In Ashes
DISCOGRAPHIE
Non, la Suisse, ce n'est pas seulement le pays des vieux, de l'évasion fiscale légalisée et des webmasters fans de prog' sous Valium (paraîtrait que c'est lié à la qualité de leurs groupes fétiches). C'est aussi le pays d'une des valeurs montantes du thrashcore, Cataract. Voilà un groupe qui, à force de sortir des albums de qualité avec la régularité d'un coucou… suisse (oui, à mes heures perdues, je fais le nègre pour Laurent Gerra et Guy Montagné), a vu ses ambitions grandir, au point de venir concurrencer les Dew Scented et autres Hatesphere.
Depuis la sortie de Kingdom, qui avait tout juste confirmé les espoirs suscités par With Triumph Comes Loss, pas vraiment de changements chez nos amis de Cataract. Hormis le départ du guitariste et membre fondateur Simon Füllemann, les choses reprennent exactement là où leur précédent album les avait laissées. Comme depuis 2004 et sa signature chez Metal Blade, Cataract a donc de nouveau investi les fameux Antfarm Studios de Tue Madsen pour prêcher la bonne parole du thrashcore. Au programme, les mêmes ficelles déjà utilisées par le passé : chant hardcore rugueux mais très convaincant de Fedi, rythmiques en béton ne lésinant pas sur les riffs syncopés, et batterie façon rouleau compresseur. Cette dernière, à l'image de la plupart des instruments d'ailleurs, sonne de façon bien plus convaincante que sur Kingdom, dont le son assez clinique n'avait pas fait l'unanimité. Un premier bon point décerné au groupe, reste maintenant à confirmer au niveau des compos elles-mêmes.
À ce sujet, Cataract propose cette fois juste ce qu'il faut d'éléments nouveaux pour éviter les critiques qui avaient frappé Kingdom, à savoir une trop grande impression de redite. Certes, les leads façon melodeath (puisque c'est de cela dont il s'agit) tiennent parfois du gadget, mais viennent aérer les compos avec une certaine efficacité. C'est le cas notamment sur "Burn at the Stake" ou sur "Blackest Hour". Hasard ou coïncidence, ces 2 titres figurent largement parmi les meilleurs titres de ce nouvel album. Dans les 2 cas, on retrouve une multitude de plans et un travail efficace sur les transitions entre eux. "Burn at the Stake" passe sans souci du thrash old school au bon vieux hardcore des familles, tandis que "Blackest Hour" (par ailleurs le seul titre long avec ses 6 minutes 40) nous offre des variations de tempo très efficaces. Tout en étant plus linéaires, des titres comme "Choke Down" ou "Deathwish" valent aussi leur pesant de cacahouètes, même s'ils n'apportent rien de neuf à ce que Cataract a déjà produit par le passé.
Demeure ce problème insoluble qui passionne tous les scientifiques de la planète (un récent sondage IPSOS classe cette préoccupation au même rang que la lutte contre le réchauffement climatique) : comment rendre un album de thrashcore intéressant du début à la fin ? En effet, une fois qu'on a balancé les gros riffs d'entrée et qu'on a scotché l'auditeur au mur, qu'on lui a fait atteindre le mode Berserk (les nostalgiques de Doom comprendront), comment le maintenir dans le même état d'excitation ? Et bien manifestement, Cataract ne détient pas plus la réponse que ses augustes camarades de jeu. Plus inquiétant, tel un cycliste en pleine hypoglycémie dans l'ascension du Mont Ventoux, Cataract lâche bien avant le sommet et nous offre une fin d'album assez pénible. À partir de l'instrumental bateau opportunément nommé "Tonight We Dine in Hell" et son riff vaguement inquiétant, c'est bien simple : « circulez, y a rien à voir », sinon une litanie de titres plus chiants les uns que les autres, qui nous laisse sur une impression assez mitigée.
Et bien voilà, tout est dit. Avec cet album éponyme, Cataract nous offre la désagréable impression de manquer le coche. Les Suisses semblent faire un léger pas en arrière là où cet album aurait dû être celui de la conquête du sommet. Malheureusement, l'inspiration ne vient pas sur commande, et malgré quelques bons titres (on parle de Cataract quand même), l'ensemble pédale un peu dans le vide. Les progrès en terme de production ne tromperont personne : ce Cataract est à ranger parmi les belles occasions manquées.