CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Christian Eriksson
(chant)
-Jonas Strandell
(guitare)
-Peter Pettersson
(guitare)
-Jessica Strandell
(claviers)
-Stefan Kallarsson
(basse)
-Mattias Borgh
(batterie)
A également participé à l'enregistrement
-Per Bergquist
(chant - tracks 1 et 3)
TRACKLIST
1) The Canticle
2) Cyclone of Insanity
3) Dream...
4) Stormbringer
5) The Ancient War
6) Nocturnal Grasp
7) The Sleeping God
8) World of Myths
DISCOGRAPHIE
Pourquoi cassé-je le c****s à tout le monde avec le metal extrême du début des années 90 ? Pour faire mon intéressant ? Oui, bien sûr, mais pas uniquement ! Pour ceux qui n’ont pas suivi, entre 1992 et 1994, il se passe un tas de choses en Europe. Les scènes de l’Europe du Nord, au sens large, mais aussi de la Grèce, entrent en ébullition créative et l’on assiste, ravi, à l’émergence de plein de projets uniques. Crypt of Kerberos l’est, unique, à double titre.
Unique, dans le mauvais sens du terme, parce que les Suédois n’accoucheront malheureusement que d’un seul album. Unique, dans le bon sens, car ce sont les premiers death-metal freaks à avoir osé introduire non pas un, mais deux éléments de metal traditionnel dans leur musique. D’une, la guitare. World of Myths est truffé de solos de guitare. De vrais solos, pas les solos random des thrasheurs fous des 80s, hein. Tous les morceaux sont prétextes à sortir promener la guitare lead. Alors, cet élément est-il vraiment différenciateur des autres formations de death metal (forcément) old-school ? J’aurais tendance à dire que oui, tant l’activité incessante du soliste est atypique -et extrêmement plaisante. Mais bon, l’on pourra toujours dire que d’autres formations de death-metal mélodique, notamment celles où sévit Dan Swanö, sont sur la même longueur d’onde. En revanche, que la formation ose introduire du chant heavy, ça, c’était culotté… et très bien vu ! Alors, oui, soyons honnêtes, autant les passages leads sont légion, autant les interventions de Per Bergquist se limitent à deux titres, "The Canticle" et "Dream...", et n’arrivent pas à la demie minute en cumulant le tout. Il n’empêche, Per confère à ces deux chansons, et par capillarité, à l’ensemble un parfum spécial.
Le contraste entre Per et Christian le growleur, la lourdeur de certains passages -les débuts de "Cyclone of Insanity" et "Stormbringer" ou le passage central de "The Ancient War", associée à un son assez sale/cheap -aïe, cette double pédale souffreteuse sur "The Sleeping God"...-, contrebalancent l’aspect très mélodique de l’ensemble. La versatilité de World of Myths peut même rappeler par moments Pan.Thy.Monium, mais, même si cette intégration de metal plus traditionnel constitue un véritable apport pour la scène death metal de l'époque, Crypt of Kerberos reste tout de même beaucoup moins aventureux que les disciples de Ragoonshinah. De plus, Pan.Thy.Monium fait montre d'une belle constance sur chacune de ses trois merveilles, tandis que World of Myths s’étiole quelque peu sur la fin. Si l’ensemble est captivant jusqu’à "The Ancient War", le niveau baisse grandement par la suite. Sachons être indulgent, cependant. Globalement, l’unique enfant de Crypt of Kerberos allie le charme suranné des vieux albums de death metal et une réelle créativité qui, elle, s’avère atemporelle.
Crypt of Kerberos c’est un peu comme Windam Hell. De vieux noms rangés dans un tout petit coin de la mémoire métallique collective, et une conception très mélodique du metal extrême, aboutissant sur des albums réalisés avec peu de moyen, qui horripileront les amateurs de bon son, mais raviront les chercheurs de raretés goûtues. Miam.