Chronique : Brouillard Brouillard (2019)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021

Sa note : 17/20

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-Brouillard
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TRACKLIST

1) Brouillard
2) Brouillard
3) Brouillard
4) Brouillard

DISCOGRAPHIE

Brouillard (2019)

Brouillard - Brouillard

(2019) - black metal atmosphérique - Label : Transcendance

Le voyage le plus redoutable, surtout par mauvais temps, c’est le voyage intérieur, le pèlerinage vers sa Compostelle. Par temps de pluie, le randonneur court le risque de se liquéfier. Par orage, l’atomisation le guette. Mais par brouillard…

Pour avoir commencé mon périple dans l’univers musical de Brouillard, la musicienne, par J’ai si froid, le choc est rude. Passer des hauteurs gelées de Loin des hommes au monde souterrain et lancinant de Brouillard, l’album, quatrième du nom, c’est un peu plonger du haut d’une falaise gelée dans une mer de tourments. Ça pique. « Tu plaisantes ou quoi ? Musicalement, c’est la même chose ! » À première vue, oui. Les deux projets partagent le même amour pour un black atmosphérique brut de fonderie, où les plaintes de la guitare règnent en maître(sse). Mais J’ai si froid est plus sec, jette un regard presque extérieur sur les calamités humaines, alors que Brouillard, le projet, est un objet bien plus douloureux. Nous y voilà. S’il y avait à résumer Brouillard, on pourrait parler d’un long cri de douleur. Et je ne parle pas que des plaintes de Brouillard, la chanteuse, bien qu’elles aussi suintent la douleur et nous remuent les tripes bien comme il faut.
Non, il s’agit d’un cri musical plus global qui atteint son paroxysme avec le second titre, mettant bien plus en avant que d’habitude des nappes de clavier, et tirant sur le Wolves in the Throne Room des bons jours. Le rideau tissé par la guitare y perd quelque peu de sa consistance et l’on perçoit alors toute la détresse que le brouillard avait tenté de cacher dans un ultime effort pour rester pudique. Mais quand la souffrance est trop forte… La mise à nu est brève mais poignante. Elle a également pour effet de modifier quelque peu les plaintes ultérieures émanant de la guitare, dont le lead devient carrément désespéré, notamment à partir de la seconde moitié du quatrième et dernier volet de l’album, comme si le sentiment mourant n’en finissait pas d’agoniser. La cavalcade effrénée de la première partie du titre laisse place à un mid-tempo moribond, l’intensité du son diminue, mais la sensation d’avoir eu à affronter un bloc de douleur fait musique reste gravée en nous bien après que les dernières notes se sont égrenées…Le Brouillard, le quatrième, cache un triste spectacle, sublimé en une impactante pièce musicale.

Le quatrième chapitre du projet Brouillard est un morceau de chair encore palpitante. Intense et profond, il nous propose un voyage loin, très loin, de nos petites préoccupations quotidiennes. Un voyage tout au fond de nous-mêmes. Là où, parait-il, est cachée la pierre. Je vous mets au défi de la trouver par un temps pareil.