CHRONIQUE PAR ...
Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Mikkel Sandager
(chant)
-René Pedersen
(basse+chant)
-Jakob Mølbjerg
(guitare)
-Martin Buus
(guitare)
-Morten Sandager
(claviers)
-Mike Park
(batterie)
TRACKLIST
1)New Desire
2)Bloodsong
3)Embrace the Nothing
4)This Black and Endless Never
5)Isolation (The Loneliness in December)
6)The Endless Fall
7)Black And Hollow
8)Execution Style
9)I Am Lies
10)Public Failure Number One
DISCOGRAPHIE
Après The Hours That Remain couronné par le prix de l'album de l'année 2006 dans leur pays d'origine - le Danemark - suivi d'une tournée en 2007, Mercenary vient juste d'achever son petit dernier Architect of Lies à l'artwork soigné (ce qui ne signifie pas « beau ») à l'instar de sa promotion quelque peu également grandiloquente. Le combo nordique semble plutôt bien porter ses 10 ans et 5 full lengths, soit un tous les deux ans pile. C'est ce qu'on appelle être règlé comme une horloge ou bien devoir des comptes à une major...
Mercenary étant tout de même une sortie importante, l'objet et l'imagerie en eux-mêmes le sont par conséquent également. Et le public aura droit à un artwork signé Niklas Sundin himself, très travaillé et plutôt esthétique dans la simplicité classe. Il aura droit aussi quelque part à la fameuse photo folklorique et ridicule (au verso sur le promo, peut-être dans le booklet au final) avec les signes habituels des index et auriculaires des membres, mais aussi à un doigt d'honneur du plus bel effet par l'un d'entre eux : «Ouaaaais, Hé, dis t'as vu comme je suis trop evil ? Ca va les lunettes noires staïïïle là ? Le bonnet tête de mort aussi ça le fait ?»
Comme très souvent chez Century Media, la production est sans faille, puissante, ultra claire et les instruments sont très distincts (exceptée la basse peut-être...) sans être proéminents. On peut profiter de guitares claires, rapides et précises, sachant se faire lourdes à l'occasion, mais aussi distiller de bons soli ("New Desire", "The Endless Fall", "Black and Hollow"). Quelques samples discrets émaillent plusieurs titres dont "New Desire", "This Black and Endless Never" et transforment même "Black and Hollow" en un titre majeur de cet album. La voix hurlée de Pedersen est plutôt efficace et très agressive dans un registre thrash/nü (joli cri growlé à la fin de "Execution Style"...), quant à la voix claire de Sandager, elle est sujette à caution. Maniérée sur "Embrace The Nothing" et "Isolation" (un petit relent de Bowie sans l'élégance), elle monte assez haut dans un style heavy sur le reste ("New Desire", "Bloodsong", "I Am Lies", entre autres).
Architect of Lies est construit pour être catchy et tout public ou presque, et cela l'est sûrement si l'on est sensible au style. Les ballades nécessaires à cet exercice telle "Embrace The Nothing" sont destinées à ravir le plus grand monde de neo-fans de metal, avec de très entrainants refrains, une voix pas trop agressive et majoritairement claire, le hurlé n'étant qu'un alibi metallique avec les guitares. Mais cela marchera du tonnerre, même sur les plus réticents à ces types de ramollisements : Metallica n'a-t-il pas réussi ce pari avec le Black Album? L'autre ballade, "Isolation" (ou "The Loneliness in December", comme c'est mignon...) est de cette trempe également, peut-être encore plus « hymnique » que "Embrace...", mais tout aussi easy-listening dans le bon sens.
Finalement, l'album, les guitares, mériteraient l'ajout d'autres types de chants : un vrai bon growl des familles par exemple, et/ou chant clair plus « masculin » et grave, une bonne paire de co****es aussi, car la voix hurlée superposée aux envolées aigües/heavy de Mikkel Sandager apparait parfois en décalage avec ce que font ou peuvent faire les musiciens. Certes cela rend l'ensemble accessible de toutes les oreilles ouvertes au métal (la cible semble tout de même jeune), certes cela pose un style particulier (parfois pénible aussi), mais les habitués de l'extrème seront un tantinet frustrés, surtout que Mercenary à débuté son chemin dans ces eaux-là. Mais il faut bien vivre, que voulez-vous...
Mercenary possède une musique consensuelle, mais elle sonne encore bien métal et reste très accrocheuse grâce aux musiciens rodés et plutôt doués. Mais le combo possède aussi tout ce qu'il peut y avoir de haïssable pour les vieux de la vieille extrème, à savoir ce glissement vers plus de « commercialisabilité » au détriment de la relative intégrité musicale des débuts, et cette promotion trop segmentée et orientée... Mais personne ne peut dire que l'opus est mauvais, il est même plutôt objectivement bon.
À noter que l'édition limitée contiendra, en plus d'un DVD, une bonus track intitulée "Death Connection".