CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Henrik Pettersen
(chant+batterie)
-Endre Begby
(guitare)
-Jørgen Hansen
(guitare)
-Jon F. Bakker
(claviers)
-Lars Lie
(batterie)
TRACKLIST
1) Moonrise...
2) Caedes Sacrilege
3) Above the Pantheon
4) De Praestigiis Daemonum 1563
5) Sarah Ellen
6) Serenade in Blood Minor
7) Mena Glade
8) Luna Garden
9) Ggal Hannahh
10) ... Dawn
DISCOGRAPHIE
Y a pas qu’Elizabeth Bathory dans la vie, y a Sarah Ellen aussi. Non mais. Il faut croire que les bains de sang, ça vend plus que de simples accusations de sorcellerie et vampirisme, comme celle dont a été victime l’épouse du citoyen anglais John Roberts. Morte il y a plus de cent ans, et enterrée, au Pérou. Oubliée de presque tous. Comme Carpathian Full Moon d’ailleurs.
Insaisissable. Si proche, si loin. A une époque où le black metal norvégien est blasté ou n’est pas, la formation ayant rendu hommage à Sarah, le temps d’un plaisant et vampirique intermède au milieu de leur unique album, choisit une voie qui n’aboutira pas. En avance sur son temps ? Oui. Ce mélange de black, de doom et d’influences rock et Pinkfloydiennes - Endre et Jørgen fondent par la suite un projet nommé Julia Dream, probablement inspiré du Relics- des psychédéliques Anglais - ne trouve quasiment aucun écho auprès d’un public séduit par la violence sonore de leurs compatriotes ou ensorcelé par la vague de gothic-doom-death venue de la perfide Albion. Il faut dire que Carpathian Full Moon se dérobe un peu quand on veut le saisir. Black metal ? Moui, le son est vraiment (trop) grésillant et faiblard, et les vocaux collent au genre, mais tous ces passages doom… Vous avez dit doom ? Oui et non. Carpathian Full Moon ne la joue pas vraiment heavy. Ils aiment surtout ralentir le tempo, officiant généralement dans un mid-tempo aimant flâner de temps à autre.
Les musiciens adorent aussi agrémenter leur musique de nappes de claviers vraiment typiques de leur époque. Et de passages acoustiques, comme sur ce "Above the Pantheon" à l’entame très Pink Floyd et au final étonnamment groovy. Après, on ne peut pas parler d’une musique spécialement alambiquée… Elle est plutôt lisible, et possède des relents presque épiques, lorsque la machine s’emballe un peu et que les guitares sont de sortie, comme sur "Caedes Sacrilege", la deuxième partie de "Mena Glade" ou le bel instrumental "Luna Garden". Épique et vampirique également, puisqu’un certain parfum de sorcellerie plane sur cet album unique. Unique puisqu’il n’aura pas de successeur. Unique puisque difficilement copiable. Le moule a été cassé. Pas exempt de défaut, néanmoins. Le titre éponyme frise le manque d’inspiration (ah cette fin où les musicos se contentent de baisser la manette…) et "Ggal Hannahh" n’est pas non plus un monument metallique. L’ensemble s’avère néanmoins intrigant, entêtant. Les amateurs de raretés ne devraient pas passer à côté.
Serenades in Blood Minor n’est composé que d’ingrédients connus, mais l’ensemble fait penser à une version musicale des romans de Léo Perutz. Ou à Fata Morgana. Apparemment conventionnel, mais pas vraiment, Carpathian Full Moon était un groupe à part, vivant à quelques mètres de notre monde à nous. Je regrette vraiment qu’ils n’ait pas persévéré.