C’est l’été. Il est temps de ressortir les genres musicaux adaptés. Stoner, rock psychédélique, post-rock, pop lat… non pop latino, on avait dit qu’on n’en parlait pas, et puis, bien sûr, le thrash U.S. À l’inverse de son homologue et néanmoins rival germain, le thrash U.S. s’écoute gouttes de sueur au front et crème de protection niveau cinquante dans les mains. Ma petite sélection pour la plage ? On va éviter le Big Four, hein, histoire de passer pour un connaisseur, et sortir les fantastiques « seconds couteaux » (horrible expression) ayant accompagné la naissance du genre. Donc… The Ultra Violence, Doomsday for the Deceiver, Terror and Submission et puis également l’excellent Breaking the Silence.
À sa sortie, le thrash metôl ricain était tellement à la mode que n’importe quel groupe tentant de répliquer les débuts des sieurs Hetfield, King, Rosenfeld et consorts, recevait un concert de louanges, le premier Heathen n’étant pas une exception. Le temps a heureusement fait son œuvre et nous a permis de séparer le bon grain (une majorité de groupes, il faut le reconnaître) de l’ivraie dans le monceau d’albums « Bay Area-style » produits lors du lustre 1985-1989. Force est de constater que Breaking the Silence ne s’est pas affadi avec les années - et qu’on ne vienne pas me casser les… pieds avec des histoires de prod ! Pour l’originalité, on ira plus voir du côté de Vio-lence ou Watchtower, par exemple. Les gars d'Heathen appliquent scrupuleusement les canons définis quelques années auparavant, poussant le mimétisme jusqu’à être, eux aussi, originaires de la Bay Area. Nan mais je te jure, quels copieurs ! De l'entrée en matière en mode outro, comme on a déjà entendu sur "Hit the Lights" ou "Hammerhead", aux riffs produits par pack de douze, en passant par la « power ballad mais en vrai c’en n'est pas une, parce que le morceau ensuite il arrache » - le fabuleux "World's End", Heathen remplit totalement le cahier des charges du parfait candidat au titre de meilleur album de l’année 1987.
Petit signe distinctif, les Californiens ont une vision heavy-speed de leur style, se différenciant grandement de la mouvance Possessed/ Exodus/ Dark Angel. Solos léchés, riffs incisifs mais parfaitement lisibles, le quintette est plutôt le compagnon de voyage de Flotsam and Jetsam, ou d’Anthrax version Spreading the Disease. Leur album est racé et léché, jamais evil. Parfait pour la plage, je vous le dis ! Faire ressortir les meilleurs morceaux ? Il est beaucoup plus facile de pointer du doigt les deux uniques faiblesses de l’album. Une cover de "Set Me Free" anodine, et un "Save the Skull" assez quelconque. Pour le reste, rien à redire. Heathen fait étal de sa prodigieuse aisance, avec toujours ce fond power-speed jamais bien loin (avec le bonus-track "Heathen", on est d'ailleurs en plein dedans ). Riffs accrocheurs un peu partout, refrains du même tonneau également, les Ricains savent également lâcher les chevaux, comme en témoignent les secondes parties de "Worlds End", donc, ou de "Pray for Death". Le triptyque d'anthologie "Goblin's Blade"/"Open the Grave"/"Pray for Death" est un modèle d'équilibre en la matière. Conclusion : l'un des meilleurs albums composés par la faction mélodique des suiveurs des quatre mammouths. Foncez !
La suite, et notamment le revival « obligé » des années 2010, sera plus en demi-teinte. Il n’empêche. Si Breaking the Silence est voué à un certain anonymat, les passionnés de ce genre ayant tant apporté au metal ne doivent pas passer à côté de cette petite merveille d’agressivité mélodique.