CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Blade
(chant)
-Y
(guitare)
-Alx
(basse)
-Zteff
(batterie)
TRACKLIST
1)S.O.B.
2)Stranger
3)Primed and Ready
4)Too Far Down
5)No Tomorrow
6)Out of My Head
7)Run for Your Life
8)Fatal Smile
9)Straight to Hell
10)Eve of War
DISCOGRAPHIE
On évoque parfois la déchéance de certains grands groupes de heavy, réduits à faire la tournée des clubs là où ils remplissaient les grandes salles dans les années 80. Sachez que ce phénomène touche aussi les producteurs, comme par exemple Michael Wagener. Alors que l'Allemand avait contribué à l'accouchement d'albums multi-platines de la part de Dokken ou Skid Row, le voici rendu à monnayer son expérience pour des groupes de second plan comme Hydrogyn, géniteur du (nib)hard rock, ou présentement Fatal Smile. Dur…
Alors Fatal Smile, c'est qui ? Disons, une bande de gaillards venus de Suède dont le compteur reste visiblement bloqué sur les années 80, à en juger par leur look de vieilles glamouzes sur le retour. À vrai dire, peu étonnant de voir parmi les influences le nom de WASP, dont Fatal Smile vient récemment d'assurer la première partie aux USA. Sous la houlette du guitariste d'origine turque Y, unique compositeur et surtout seul rescapé de la précédente formation dont il a viré l'intégralité des membres, Fatal Smile nous présente ici son troisième album. Apparemment, leur précédent essai, Neo Natural Freaks, n'avait pas franchement enthousiasmé mon prédécesseur… et ce n'est pas ce World Domination qui va inverser la donne. Explications.
Cette fois, Fatal Smile s'est recentré sur son genre de prédilection, à savoir un hard rock graisseux et bas du front, qui sent bon l'huile de coude. Il n'y a plus guère que "No Tomorrow" pour jouer, l'espace d'une chanson, la carte du stoner. Non pour le reste, c'est très clair : nous voilà en présence du bon vieux hard rock des familles, avec les paroles qui vont avec, et ce dès le premier titre : vas-y mon gars, balance les « I live my life on the fast lane », les « Sex and drugs and rock n' roll is all I ever need » et les « You know I'm gonna die so young ». Tant de clichés dans une seule et même chanson, pas mal ! Le hic, c'est que Fatal Smile n'est pas vraiment outillé pour tirer son épingle du jeu dans un genre très codifié. Sans être désagréable, la voix de Blade (!) sonne comme déjà entendue un bon millier de fois, et les soli de Y manquent singulièrement de tranchant.
Plus embêtant encore, la plupart des riffs ne sont pas assez accrocheurs pour du hard rock et font à peine lever un sourcil. Fatal Smile parvient bien à faire illusion lorsque le tempo se fait un peu plus enlevé, comme sur "Stranger" et "Run for Your Life", un des rares morceaux qui tient la route de bout en bout. Un titre qui n'a pas inventé l'eau chaude, mais dont le refrain est facilement mémorisable, sur fond de batterie binaire qui a déjà fait ses preuves en terme d'efficacité. "Fatal Smile" s'en tire également correctement, avec son côté big-rock US, une nouvelle fois très 80's avec un refrain à la Alice Cooper. Mais c'est à peu près tout, car pour le reste, c'est le calme plat. Les morceaux sont rarement complètement ratés (même s'il y a en a quand même, à commencer par le très énervant "Too Far Down"), mais sonnent tellement convenus qu'il est difficile de s'en satisfaire.
Bref, World Domination n'est qu'un album de hard rock de plus, qui ne saura ravir que les amateurs les plus acharnés et les moins regardants (voire les bikers avec 3 grammes dans chaque bras). Car si l'on peut éventuellement se surprendre à taper du pied sur certains morceaux ("Straight to Hell"), le tout finit inévitablement par rejoindre la cohorte des albums sitôt écoutés sitôt oubliés. L'intérêt d'un tel produit ? La police enquête toujours…