Alors, en 2019, comment répondre à la mode metal ? Une chanteuse ? Ok, mais pas une cantatrice, trop années 2000. Une hurleuse ? Oui, mais pas que, Arch Enemy tourne toute l’année pour s’accaparer le créneau! Un mix voix hurlée, chant clair? Parfait. Plein d’orchestres et de claviers ? Ah non, trop 2010. Hum, un truc qui finit en –core alors. Ah, et ne pas oublier un soupçon d’électro et un visuel qui claque. Ça se signe chez Napalm, on mélange et paf, voici Infected Rain qui en 2019 a tout pour plaire avec Endorphin.
Bon, j’exagère un chouillat puisque les moldaves ont sorti leur premier album, Asylum, en 2011 en mode Nü Metal (avec dreads, Dj et tout le touin touin). Le talent étant là, Napalm a senti le fleuron, a peaufiné tout cela et c’est ainsi qu’Endorphin, quatrième LP de la bande à Scissorhands (si si c’est le nom de scène d’Elena) se présente pour être le gros succès metalcore de 2019. Tellement sûr de son coup, Napalm commet alors une erreur de plus en plus courante de nos jours : spammer les ondes de singles. Ainsi, avant la sortie officielle d’Endorphin, nous connaissions déjà quatre des dix œuvres le composant. C’est d’ailleurs comme cela que mon intérêt pour ce nouvel LP est né. "The Earth Mantra", opener, dégage une véritable ambiance, la voix claire d’Elena est carrée et directe, son chant type hardcore a ce qu'il faut de coffre et puissance, mélodiquement c’est réussi, une très bonne mise en bouche. "Passerby" quant à elle est sortie depuis un petit moment et ese veut un tube direct, sans chichis, mettant en valeur la voix claire de Scissorhands sur les refrains. Rien de révolutionnaire, mais diaboliquement efficace. N’étant pas un grand fan de deathcore, metalcore, etc., c’est là ce que j’attends quand j’en écoute. "Storm", quant à elle, est une ballade assez aérienne qui, sans bousculer le style, est extrêmement bien placée en clôture d'Endorphin. Enfin, "Black Gold" est le dernier single offert au public, avec un clip soigné et magnifique et qui a tout du futur hit du combo. Rythmiquement, c’est un des deux gros coup d’Endorphin (avec "Taphephobia"), Elenea s’en donne à cœur joie et la batterie a une véritable place centrale ce qui donne une sacrée énergie à la proposition.
Vous comprendrez donc qu’avec quatre extraits plutôt réussis, la hype était assez élevée. Et bien tout ça fut un coup dans l’eau tant Endorphin dans sa globalité est décevant, souffre de réelles longueurs et manque de panache. On ressent ce phénomène dès les premières notes de "Symphony of Trust" qui, sans être mauvais, révèle le manque d’inspiration sur Endorphin. Un refrain, mignon mais sans aucune carrure, un tempo pas assez rapide pour se bouger, des lignes vocales digne de n’importe quel groupe s’essayant au genre... Et ce n’est malheureusement pas le seul exemple. "Pendulum" joue dans la même cour, la voix Claire d’Elena n’a aucun impact et on s’ennuie ferme. Puis vient l’enchainement "Lure"-"Victims". La musique d’Infected Rain (ex Néo-metal, metalcore/deathcore) fait que le quintet joue beaucoup sur le côté « saccadé » des morceaux. Si c’est réussi sur les titres vu plus haut, sur ces deux propositions, c’est tout simplement raté, les deux minutes trente de "Lure" en deviennent même une véritable torture. Quant à "Walking Dead", elle se sauve elle-même par son approche pop rafraîchissante, malgré une une composition assez pauvre. Non, hormis les quatre premiers singles, seule "Taphephobia" réussit à sortir la tête de l’eau grâce à sa jolie intro et sa touche d’électro apportant un peu d’épaisseur et de dynamisme, et une Elena qui maîtrise ici parfaitement le sujet. Le tout manque finalement de rythme, de gros riffs. Le côté trop moderne, trop –core, affaiblit le rendu et un peu plus de subtilité aurait été un avantage.
Résurgence de leur passé de néo metalleux couplé à du metalcore, un peu d’électro et une pointe de violence, Infected Rain avec Endorphin est l’exemple parfait de l’album qui se veut totalement ancré dans son époque. Mais cette soif de modernité le rend juste sympa, tant les dix propositions se ressemblent. Malgré quelques fulgurances, il manque une réelle prise de risque. Ainsi Endorphin est un album qui, et c’est le comble, ne marquera pas son époque.